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395 visageons que du point de vue littéraire. Toutefois , si quelque mot technique nous échappe , si quelque réflexion à peu-près médicale se glisse , à notre insçu ., dans le cours de cet article , on le pardonnera peut-être à l'aveu que nous faisons volontiers ici de notre incorrigible penchant vers la lecture des livres de médecine. C'est là un travers, si l'on veut, mais il est justifié par la préoccupation des circonstances exceptionnelles au milieu des quelles nous vivons depuis l'invasion du choléra en France. Quelqu'un s'est plaint de ce que les médecins Lyonnais , en- voyés à Marseille , n'avaient pas confondu leurs observations et leurs souvenirs dans un seul et même travail, de ce qu'une même maladie, étudiée par des hommes partis de la même ville, sous l'inspiration d'une même pensée, avait fourni matière à deux compte-rendus distincts. Mais, hâtons-nous de le dire , ce repro" che est mal fondé. Si la vérité est une, certes ce n'est pas en mé- decine ; et de ce que six médecins se transportaient à la fois sur le théâtre de l'épidémie , il était déraisonnable de conclure qu'il nous en reviendrait un seul et unique mémoire. Les choses ne se passent jamais ainsi dans le monde médical et, en se bornant à une double publication, nos six compatriotes nous semblent, au contraire , avoir fait preuve d'une sobriété typographique , dont les annales de l'art offrent de rares exemples. Acceptons donc leurs ouvrages comme ils nous arrivent, et remercions-les de ce qu'en fournissant un terme de comparaison à la critique, ils ont singulièrement allégé sa lâche. Raconter ce qu'ils avaient vu à Marseille, ajouter ainsi une page nouvelle à l'histoire déjà si longue du mal asiatique, tel est sans doute le but que se proposaient les auteurs. S'ils franchis- saient les limites de ce cercle , ils s'exposaient à redire ce que d'autres avaient dit avant eux ; ils étalaient une érudition factice, sans valeur, à une époque où personne n'ignore que les livres se font le plus souvent avec des livres, et les réputations de science au dépens des trésors enfouis dans la poussière du passé. Toutefois ils ont diversement procédé. Si MM. Frà isse Ramadier et Boyron se sont bornés strictement à dire ce qu'ils avaient v u , M. Monfalcon a cru pouvoir s'engager dans une au- tre voie , et se livrer à quelques considérations sur la nature du