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visageons que du point de vue littéraire. Toutefois , si quelque
mot technique nous échappe , si quelque réflexion à peu-près
médicale se glisse , à notre insçu ., dans le cours de cet article ,
on le pardonnera peut-être à l'aveu que nous faisons volontiers
ici de notre incorrigible penchant vers la lecture des livres de
médecine. C'est là un travers, si l'on veut, mais il est justifié
par la préoccupation des circonstances exceptionnelles au milieu
des quelles nous vivons depuis l'invasion du choléra en France.
   Quelqu'un s'est plaint de ce que les médecins Lyonnais , en-
voyés à Marseille , n'avaient pas confondu leurs observations et
leurs souvenirs dans un seul et même travail, de ce qu'une
même maladie, étudiée par des hommes partis de la même ville,
sous l'inspiration d'une même pensée, avait fourni matière à deux
compte-rendus distincts. Mais, hâtons-nous de le dire , ce repro"
che est mal fondé. Si la vérité est une, certes ce n'est pas en mé-
decine ; et de ce que six médecins se transportaient à la fois sur
le théâtre de l'épidémie , il était déraisonnable de conclure qu'il
nous en reviendrait un seul et unique mémoire. Les choses ne se
passent jamais ainsi dans le monde médical et, en se bornant à
une double publication, nos six compatriotes nous semblent, au
contraire , avoir fait preuve d'une sobriété typographique , dont
les annales de l'art offrent de rares exemples. Acceptons donc
leurs ouvrages comme ils nous arrivent, et remercions-les de ce
qu'en fournissant un terme de comparaison à la critique, ils ont
singulièrement allégé sa lâche.
    Raconter ce qu'ils avaient vu à Marseille, ajouter ainsi une
page nouvelle à l'histoire déjà si longue du mal asiatique, tel est
sans doute le but que se proposaient les auteurs. S'ils franchis-
saient les limites de ce cercle , ils s'exposaient à redire ce que
d'autres avaient dit avant eux ; ils étalaient une érudition factice,
sans valeur, à une époque où personne n'ignore que les livres
se font le plus souvent avec des livres, et les réputations de
science au dépens des trésors enfouis dans la poussière du
passé. Toutefois ils ont diversement procédé. Si MM. Fràisse
Ramadier et Boyron se sont bornés strictement à dire ce qu'ils
avaient v u , M. Monfalcon a cru pouvoir s'engager dans une au-
tre voie , et se livrer à quelques considérations sur la nature du