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que j'ai recueillis que le comte de Caglioslro et sa femme sé-
journèrent à L y o n une partie de l'hiver de 1784 à 1785, et qu'ils
logèrent à l'hôtel du Parc. Un de nos plus savans académiciens,
plus qu'octogénaire , et dont l'âge n'a point altéré la mémoire ,
s'est rappelé une circonstance qui ne laisse plus de doute à cet
égard. Un riche propriétaire, M. J.-B. Delorme, s u r n o m m s l'A-
méricain, était atteint d'une maladie incurable; son médecin,
le docteur de Labruyèrc , désespérant de le sauver, engagea sa
famille à faire une dernière tentative en recourant au comte de
Cagliostro, qui faisait, dit-on, des choses miraculeuses. Grâce
à quelques poudres secrètes, l'empirique parvint à procurer
une espèce de convalescence à 31. Delorme, qui mourut pour-
tant ( l e 7 février 1785), peu de jours après le départ du nouvel
Apollonius pour la capitale.
    Une seconde circonstance, qui fil grand bruit et qui m'a été
 confirmée par plusieurs contemporains, vient se joindre à la
précédente pour lever tous les doutes qui pourraient rester sur-
l'époque du séjour de Cagliostro dans notre cité : c'est la scène
•de fantasmagorie dont parle l'auteur italien^ et qui fut exécutée
par Caglioslro dans la loge de la Sagesse, Triomphante,       située
auv Broteaux.. L'habile magicien lit apparaître aux; yeux des
Lyonnais ébahis l'ombre d'un illustre magistral, M. Prost de
Royer, qui était mort loul récemment ( l e 21 septembre 1784),
emportant avec lui les regrets de ses compatriotes.
    Si je m'étais livré plutôt à ces recherches, j'aurais bien cer-
tainement recueilli des détails qui pourraient être fort piquans
de la bouche même de ceux qui suivirent avec enthousiasme le
char de l'aventurier. Je tiens de l'un d'eux que, se trouvant avec
lui dans la chapelle du Confalon^ Caglioslro, après avoir fixé
attentivement le superbe Christ que l'on voit maintenant au
Musée et qui faisait le principal ornement de cette chapelle,
 s'écria d'un ton d'inspiré: « Ces! bien l u i , ressemblance p a r -
 « faite! Je lui avais bien prédit qu'il finirait ses jours sur un
 « gibet. » Une autre fois on demandait à son domestique depuis
 quand il était au service du comte : « Je le servais, répondit-il.
 « aux noces de Cana. »
  Des sommes énormes furent dépensées dans toutes les loges