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222 une profonde ignorance, que la politique regarde comme utile à ses intérêts. Dolct cul toujours en effet le pressentiment de sa destinée ; on en trouve la preuve dans presque tous ses écrits, surtout un emblème louchant placé à la fin de presque tous les livres français sortis de ses presses. On y voit une vignelte qui représente une main armée d'une hache; celte main sort d'un nuage et fend un tronc d'arbre; au- dessous on lit cette prière : Préserve-moy, 6 Seigneur, de la ca- lomnie des hommes! La calomnie, qui portail ses coups daas l'ombre, frappa Dolet, comme la main mystérieuse de sa devise frappe le tronc d'arbre. Accusé d'hérésie, pour sa traduction de YAxiochus, accusé d'ar voir imprimé la» sainle Bible et d'avoir tenté d'introduire à Paris une caisse de livres hérétiques , grief qu'on a prétendu avoir été établi contre lui par une ruse grossière de ses ennemis, il fut mis en jugement et enfermé à la Conciergerie. Il composa un cantique sur su, désolation, et sur sa consolation. En voici les d,eux premières strophes. Si au besoing le monde m'habaridonne , Et si de Dieu la volunté n'ordonne Que liberté encoreson me donne, Selon mon vueil ( v œ u ) , Dois-je en mon cœur pour cela mener deuil, Et de regrets faire amas et recueil? Non pour certain ! mais au ciel lever l'œil, Sans autre esgard. Le sentiment religieux qui dicta ees ver»; se retrouve dans tous les ouvrages de Dolet; cependant il fut condamné au feu comme athée relaps ; on vit son crime dans deux ou trois mots de Platon , mal traduits, suivant ses juges. Le 3 août 1546, à l'âge de trente-sept ans, il fut brûlé vif à la place Maubert avec ses livres. La fermeté, de toute sa vie ne l'abandonna pas dans cette terrible cpnelusion de ses malheurs; un dé ses contemporains en a laissé le témoignage dans ce vers latin à jeux de mots :