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   une profonde ignorance, que la politique regarde comme utile
  à ses intérêts.
     Dolct cul toujours en effet le pressentiment de sa destinée ;
  on en trouve la preuve dans presque tous ses écrits, surtout
  un emblème louchant placé à la fin de presque tous les livres
  français sortis de ses presses.
     On y voit une vignelte qui représente une main armée d'une
  hache; celte main sort d'un nuage et fend un tronc d'arbre; au-
 dessous on lit cette prière : Préserve-moy, 6 Seigneur, de la ca-
 lomnie des hommes! La calomnie, qui portail ses coups daas
 l'ombre, frappa Dolet, comme la main mystérieuse de sa devise
 frappe le tronc d'arbre.
    Accusé d'hérésie, pour sa traduction de YAxiochus, accusé d'ar
 voir imprimé la» sainle Bible et d'avoir tenté d'introduire à Paris
 une caisse de livres hérétiques , grief qu'on a prétendu avoir été
 établi contre lui par une ruse grossière de ses ennemis, il fut
 mis en jugement et enfermé à la Conciergerie. Il composa un
 cantique sur su, désolation, et sur sa consolation. En voici les
 d,eux premières strophes.

               Si au besoing le monde m'habaridonne ,
               Et si de Dieu la volunté n'ordonne
               Que liberté encoreson me donne,
                       Selon mon vueil ( v Å“ u ) ,
               Dois-je en mon cœur pour cela mener deuil,
               Et de regrets faire amas et recueil?
               Non pour certain ! mais au ciel lever l'Å“il,
                       Sans autre esgard.

   Le sentiment religieux qui dicta ees ver»; se retrouve dans
 tous les ouvrages de Dolet; cependant il fut condamné au feu
 comme athée relaps ; on vit son crime dans deux ou trois mots
 de Platon , mal traduits, suivant ses juges.
   Le 3 août 1546, à l'âge de trente-sept ans, il fut brûlé vif à
la place Maubert avec ses livres. La fermeté, de toute sa vie ne
l'abandonna pas dans cette terrible cpnelusion de ses malheurs;
un dé ses contemporains en a laissé le témoignage dans ce vers
latin à jeux de mots :