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    En finissant nous ne pouvons nous empêcher de donner à nos
 lecteurs l'oraison funèbre de Chalier, prononcée sur la place dès
 Terreaux, dans la soirée du 28 octobre 1793 , par le citoyen
  Dorfeuilie, président de la commission de justice populaire; par
  son exagération, cette pièce donnera une juste idée de l'exalta-
 tion des esprits à celte époque.
     « Il est mort pour la pairie, et nous sommes assemblés pour
 célébrer sa gloire et pour jurer de l'imiter, et dans cette ville
 régénérée et dans ces murs purifiés , nous avons voulu donner
 à cette cérémonie d'un peuple nouveau, le dame céleste pour
 voûte , les astres pour flambeaux et la Liberté pour pontife.
    « Etre suprême, ce culte est digne de toi; point d'intermé-
 diaire entre l'homme et la divinité. Le cœur du juste est Ion
 temple-, l'encens qui le contient, c'est le parfum de.la vertu.
 Créateur de la nature et de la liberté, jette unmoment tes regards
 au milieu de nous; des républicains t'implorent, et s'ils négli-
 gent aujourd'hui de baisser leurs fronts et de plier le genou
 devant toi;, c'est pour donner à leur hommage un caractère plus
auguste, c'est pour agrandir à tes yeux l'humanité.
    « Il est mort assassiné celui que nous pleurons , il est mort
 assassiné judiciairement.
    « Ville impure , Sodome nouvelle, ce n'était donc pas assez
pour toi d'avoir enfanté, colporté pendant deux siècles tous les
genres de corruption ; d'avoir empoisonné de ton luxe et de tes
vices la France, l'Europe: le monde entier; il le fallait encore,
pour couronner ton opprobre, donner à la République nais-
sante l'exemple d'un crime nouveau, travestir des bourreaux en
juges, violer la justice sur les marches de ton temple , égorger
la vertu au nom de la patrie.
    Les monstres! ils l'ont commis ce forfait, et je crois qu'ils
respirent encore. O douleur! le front de ma patrie s'est couvert
d'un voile, et la république entière a crié vengeance.
    « Chalier, nous te la devons, Chalier, tu l'obtiendras; Cha-
lier, je te la promets ici au nom du peuple français.
    « Martyr, de la liberté, tu fus immolé par des scélérats ; mar-
tyr de la liberté, le sang des scélérats est l'eau lustrale qui con-
vient à tes mânes.