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95 au prisonnier qui rentra dans le salon en lui baisant les mains. Vous êtes mon sauveur, lui dit-il avec un accent et un regard impossible à rendre. Le lendemain , ma grand'maman se fit conduire à la caserne du Bon-Pasteur, et demanda à parler à un officier que M. Ma~ céroni lui avait indiqué. Il lui remit des passeports avec les- quels nos hôtes montèrent en diligence le même soir, porteurs d'une lettre pour Toulon, que ma grand'maman adressait à ma- dame Bertier qui tient encore aujourd'hui l'hôtel de Malte. Elle lui apprenait quel service elle attendait d'elle. Son attente ne fut pas trompée. La police pourtant avait eu vent du .séjour de Joachim à Tou- lon , car elle vint faire une visite à l'hôtel. Madame Bertier était malade , elle se leva , fit coucher le proscrit entre les matelas , et se recoucha par - dessus. Il échappa ainsi à toutes les re- cherches. Mais l'hôtel était toujours l'objet des soupçons des autorités. Les opinions bien connues de madame Bertier les confirmaient, et pouvaient compromettre le malheureux qu'on poursuivait avec tant d'acharnement. Elle le fait habiller en femme , lui couvre la tête d'un voile, le fait monter dans une calèche que son fils con- duit lui-même, se place à ses côtés et sort de Toulon par la porte d'Italie, allant au pas , comme pour une promenade. Ar- rivés à Lavalette ,ils abandonnent la voiture, reviennent à pied par des sentiers détournés jusqu'à la maison de campagne ap- pelée Plaisance , qui appartenait alors au général Allemand ; là , elle confie Joachim aux soins du jardinier , vieux soldat, qui jura sur son aigle qu'il en répondait. Il tint parole. Mais le fidèle Macéroni, compagnon de ses dangers , exhortait son ami à quitter la France. Fatigué de cette vie de proscrit, Joachim y consentit, et voulut retourner à Naples , ce fut encore madame Bertier qui lui facilita les moyens de s'embarquer. On sait quel fut le résultat de ce fatal voyage ! Le 13 oc- tobre , Joachim Murât tombait fusillé à Pizzo ! ! ! ! ! Mlle Jane DUBTJISSOJV. NOTA. C'est à tort qu'on a prétendu que Murât avait coupé ses cheveu* afin de se déguiser , il les portait encore à sa mort.