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daient la navigation, il y fit conduire de l'artillerie, et les en ayant chassés, il le
ruina entièrement; il assiégea ensuite la petite ville d'Andance, située aussi sur le
boid du Rhône, qu'il battit a-veç le canon, et l'ayant prise, il en chassa quelques
troupes de protestans qui s'en étaient rendus maîtres. Son attention sur ce point
était si exacte, qu'au plus petit remuement il montait à cheval pour courir où pa-
raissait la nouveauté; ce qu'il témoigna assez (1576) lorsqu'un chef de quelques
troupes, nommé Pierre Gourde, attiré par un gentilhomme du pays, se hasarda
d'entrer dans le Forez, et tenta de surprendre le pont de St-Rambert, car il arriva
encore plutôt, et lui ayant coupé le chemin, le contraignit de retourner sur ses
pas, et d'abandonner entièrement le pays.
     Mandelot ne borna pas ses soins aux seules provinces qui lui étaient confiées ; ayant
 appris (1581) que les paysans du Dauphiné s'étaient soulevés contre la noblesse et
 avaient formé un corps considérable , prêt à fondre sur ses châteaux dans le des-
  sein de les piller et d'exterminer tous les gentilshommes de cette province, l'une
 des plus distinguées en ce genre, il assembla promptement un nombre suffisant
 de troupes, et s'étant joint avec eux, il dissipa sur le champ ces mutins, et assura
 par cet acte de générosité, la tranquillité, non-seulement du Dauphiné, mais du
 Lyonnais même ; car on prétendait que les puissans de ce pays attendaient quelle
 serait l'issue de la ligue de leurs voisins pour prendre un parti. Cette révolte fut
 nommée la Ligne des Vilains..
     Le roi jeta les yeux sur Mandelot, l'ann ée suivante ( 1582 ) , pour l'ambassade
 de la Suisse ; elle avait pour motif le renouvellement d'alliance avec cette nation ,
 dans la vue d'en obtenir un secours de troupes; il traita dans l'assemblée générale
des cantons avec tant de dextérité et de bonheur, qu'il termina cette double né-
gociation à la satisfaction des deux parties. Des services si marqués lui méritèrent
 le collier de l'ordre du St-Esprit, dont le roi l'honora, dans le cinquième chapitre
tenu la même année. Cette distinction si honorable jète un éclat bien différent
 sur le sujet qui en est décoré, lorsqu'elle est obtenue plutôt à titre de récom-
pense qu'elle n'est accordée à la bienséance. Chaque citoyen ressentit à cette
 occasion la même joie que s'il fût survenu quelque changement avantageux à sa
fortune. Ces sentimens publics, si glorieux pour le gouverneur, lui étaient dûs
à juste titre. Cette ville lui devait toute la tranquillité et l'abondance dont elle
jouissait depuis plusieurs années ; il avait, par sa fermeté et par sa prudence,
dissipé toutes les divisions que causait la diversité des religions; sans cesse occupé
 à lui procurer les douceurs de la vie et à éloigner tout ce qui pourrait les trou-
bler, il cherchait au moins à en adoucir les amertumes lorsque des calamités
 publiquesles rendaient inévitables. Les différentes attaques que la peste livra à cette
ville ( 1577 , 1580 et 1581 ) furent de ce nombre ; jamais la crainte de la mort
ne put l'obliger à s'absenter; il se crut engagé par état à veiller au bon ordre
et à l'observation des sages règlemens qu'il y établit. Quel bonheur pour une
ville d'être gouvernée par un homme tel que je viens de le dépeindre \ Et peut-
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