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  chef de ces provinces, proposa Mandelot auroi, comme le sujet le plus propre à rem-
  placer Biraguc dans les fonctions de Lieutenant du roi; ce choix fut accepté, et le
 Gouverneur vint dans cette ville, en septembre 1568, amenant avec lui le nouveau
  Lieutenant pour l'installer dans le commandement. Son arrivée remplit de joie
 tous les véritables citoyens, et suspendit leur douleur sur la perte de son prédé-
  cesseur. Ce choix leur fut d'autant plus agréable, que sa personne leur était déjà
  parfaitement connue ; ils avaient été témoins, cinq ans auparavant, de tout ce
  qu'il avait fait pour retirer cette ville du pouvoir des Calvinistes, et du bon ordre
 qu'il avait mis dans l'armée du duc de Nemours, duquel il était alors lieutenant
 général, ayant empêché par l'exacte discipline qu'il y avait fait observer que ses
 troupes ne commissent aucun désordre et ne vexassent les habitans des envi-
 rons, pendant les huit ou neuf mois qu'elles campèrent à Sl-Genis-Laval ; on vit
 même avec surprise, après qu'elles furent retirées, l'abondance des vivres qui
 était dans les lieux où son camp avait été établi. Mandelot, plein de zèle pour
 la véritable religion et le service du roi, forma, dès le commencement, le
 projet d'abattre le parti huguenot et de relever le parti catholique, comme l'u-
 nique moyen de rétablir le calme dans cette ville. Pour perfectionner cet ouvra-
 ge, que son illustre prédécesseur avait ébauché, il donna ses premiers soins à
 gagner la confiance des catholiques et à s'attirer la bienveillance des habitans :
 son attention s'étendit à se concilier l'amitié de la noblesse du pays et des pro-
 vinces voisines, laquelle il sut tellement captiver que , pendant toute sa vie, il
en disposa absolument. Ses manières douces et affables, éloignées de tout air
de hauteur et de supériorité , lui acquirent l'estime de tous les gentilshommes,
qui, bien loin de vouloir conserver une certaine indépendance que les fréquens
troubles semblaient autoriser, furent toujours prêts, sur un simple ordre de sa
 part, de courir en foule près de lui, et monter à cheval pour exécuter ce qu'il
jugerait à propos de leur ordonner. Cette bonne intelligence avec la noblesse le
rendit respectable parmi les siens, utile à ses voisins et redoutable aux ennemis
de l'état.
    (1570). Il y avait environ deux années qu'il commandait dans ces provinces,
lorsque l'amiral de Châtillon, ramenant de la Guienne un détachement nombreux,
vint fondre du côté du "Vivarais ; la dame dé Tournon, craignant avec raison que
l'orage ne tombât sur son château qu'il crut surprendre, dépêcha à Mandelot uu
gentilhomme pour le prier de lui envoyer promptement du secours pour repousser
l'ennemi; ce qu'ayant obtenu sur le champ, l'amiral qui vitses mesures rompues
se retira à Si-Etienne en Forez, à neuf lieues de cette ville, où il séjourna un mois
et demi : pendant tout ce temps il fut sanï cesse harcelé parles troupes que Man-
delot envoya de ce côté-là, et il se passait peu de jours qu'elles ne fissent sur
l'ennemi quelques prises, sans qu'il osât jamais mettre le pied dans le gouverne-
ment ; car dans ce temps-là le Forez n'y était pas encore uni, et ne le fut que
quelques années ensuite.