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            LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER                455

contre-pied de ce que l'on croyait, de ce que l'on pratiquait
avant lui. Le résultat le plus clair et le plus immédiat du
culte de Wagner, c'est le dédain pour tout ce qui n'est pas
lui. Pourra-t-on admirer, par exemple, des trios, des
quatuors, des morceaux d'ensemble, auxquels il a fait un
si virulent procès? Prendra-t-on plaisir aux œuvres où
l'ordre et la clarté ont présidé, lorsque c'est l'emportement
violent qui est l'objectif des enthousiasmes de la jeune
École? Ou si vous persistez dans votre admiration pour
les oeuvres ordonnées, ne faudra-t-il pas blâmer et repousser
un art qui n'en veut plus et qui prétend en démontrer
l'insanité? Car l'un est exclusif de l'autre; ce n'est pas une
question de quotité ou de quantité, mais bien une question
de qualité. En fin de compte, faut-il poser ce dilemme :
Devons-nous trouver mauvais tout l'art dramatique antérieur
à Tristan; où bien cet art lui-même n'est-il pas le bon,
malgré les dithyrambes qu'entonnent en son honneur des
admirateurs enthousiastes ?
   Maintenant si nous voulons résumer par un mot ce que
nous venons de rechercher à travers le livre de MM.Soubie
et Malherbe, nous dirons que l'immodéré nous semble la
formule caractéristique du génie de Wagner.
   En somme, le Maître de Bayreuth nous apparaît comme
un météore brillant mais échappé de son orbite, météore,
dont la course folle à travers les champs de l'imagination
risque fort de troubler l'équilibre de notre firmament artisti-
que, où tant d'astres charmants promènent leurs harmo-
nieuses et bienfaisantes évolutions.

  On ne saurait trouver excessives les conclusions où
nous sommes arrivés. Remarquons bien que ce ne sont pas
même des conséquences que nous avons tirées. Ce sont