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LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER 441 « dominante dans l'accord parfait, c'est-à -dire une prédi- « lection marquée pour les intervalles augmentés ou dimi- « nues; de là , l'emploi presque immodéré des accords de « septième sur tonique, et des pédales, moyens ingénieux « pour fondre ensemble les sons en apparence les plus dis- « cordants ; de là , la pratique de l'enharmonie, et une « facilité telle à le mouvoir entre divers tons, que, parfois, « renonçant lui-même à définir la tonalité, il supprime à la « clef tous les accidents tout en continuant à ne pas « écrire en ut. « Si les compositeurs ont montré jusqu'alors, dans « l'usage de tels procédés, plus de mesure et plus de « réserve, si leur musique garde, en définitive, une phy- « sionomie fort différente de celle-ci, c'est qu'ils se sou- « mettaient d'avance à des règles imposées par l'école. « Wagner, plus hardi, a essayé de s'y soustraire Il « faut renoncer à relever les quintes successives, et cacher « les fausses relations, les doublures de notes à résolution « obligée, les mouvements fantaisistes qui forcent à monter « les notes qui doivent descendre, et à descendre celles qui « doivent monter... Par l'enchevêtrement des parties, par « la complication des dessins, par la variété des timbres, « l'orei'le est sollicitée de telle sorte qu'elle reçoit désor- « mais une impression d'ensemble, une résultante de tous « les bruits, et goûte d'autant moins la pureté des principes « qu'elle est moins à même de les discerner. Au xix e siècle, « la liberté sera donc devenue complète. Toute la question se « borne à savoir si « ces triples dissonances qui cho- « quaient si fort Berlioz, nous affectent désagréablement « ou non ; or, l'étude des œuvres de Wagner nous révèle « tout au contraire que sa sensibilité était assez délicate