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420               INAUGURATION DE LA STATUE

quoi elle vivra. Lorsque le voile qui couvrait ce bronze précieux est
tombé, lorsque notre cher poète nous est apparu tout à coup dans
cette grave attitude, avec ce regard doux et profond qui était le sien,
dites, messieurs, pourquoi avez-vous tressailli ? Pourquoi les applau-
dissements ont-ils éclaté de toutes parts ? N'est-ce pas parce qu'il vous
était donné de saluer le Devoir, ce maître de la vie humaine, dans la
personne de celui qui l'a si bien glorifié ?
   « Venez donc à ce monument, dont vous avez le droit d'être fiers,
habitants du Forez, qui avez connu, qui avez aimé Laprade, vous ses
contemporains qu'il a fortifiés par tant d'éloquentes paroles aux heures
trop fréquentes du découragement et de la défaillance, vous qui devez
à ses accents entraînants d'être devenus meilleurs. Mais venez surtout,
jeunes gens, vous qui êtes l'espoir de la France et serez peut être sa
couronne, vous qui entrez dans la vie et avez besoin d'être armés pour
toutes les luttes qu'elle exige. Arrêtez quelque temps vos regards sur
cette noble image, méditez la leçon qu'elle vous apporte et apprenez
d'un grand poète que rester fidèle à la foi de ses ancêtres, aimer ce
qu'ils ont aimé, combattre ce qu'ils ont combattu, c'est le moyen le
plus efficace d'assurer le relèvement de la patrie. »

   Au pied de la statue d'un poète, la poésie avait naturel-
lement sa place. Un ami de l'auteur, M. Antoine Mollière,
ancien président de l'Académie de Lyon, a lu une pièce de
vers, que nous sommes heureux de pouvoir reproduire
en entier :


         Aux vieux amis enfin la parole est donnée;
         J'ose timidement la porter en leur nom,
         Complément obligé d'une telle journée!
         Rassurez-vous pourtant, je ne serai pas long.


         Burger a bien pu dire : Hurrah ! les morts vont vite !
         Sur la cavale pâle emportés sans retour,
         Ils vont à Voubli sombre, ou court, se précipite
         Ce qui n'avait qu'un souffle et na brillé qu'un jour.