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L'Å’UVRE DE PIERRE DUPONT 359
Le poète sait ailleurs nous présenter de plus gracieuses
visions. Pénétrons avec lui chez la Comtesse Marguerite:
On frappe à l'huis du château ;
Et soudain paraît à l'entrée
Un cavalier dans son manteau.
Il entée avec courtoisie ;
Il pleut de ses cheveux blonds
Le parfum de l'ambroisie
Et des fleurs de nos vallons ;
Sa barbe fourchue est frisée,
Et l'émail de ses blanches dents
Éclate en sa bouche rosée,
Son front et ses yeux sont ardents.
A la triste châtelaine qui s'enferme, en sa douleur égoïste,
pour pleurer son défunt époux, le divin voyageur donne
une leçon de charité,
Et comme son œil plein de flamme
Troublait Marguerite en secret :
« Ne craignez rien, dit-il, Madame,
« Je suis Jésus de Nazareth. »
Ce récit n'a-t-il pas une saveur tout évangélique ?
Quelle aimable apparition encore, évoquée par le chan-
sonnier, en la personne de son « aïeule au jeune sourire » !
Je ne crois pas qu'elle soit morte,
Ma belle aïeule aux cheveux blancs ;
Chaque soir, elle ouvre ma porte
Et vers mon lit vient à pas lents.
Seulement je la vois plus belle ;
L'azur vif est moins radieux
Que son visage et sa prunelle
Ravivés aux splendeurs des cieux.