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348             LETTRES D ' H I P P O L Y T E FLANDRIN

ses idées, plus le moyen sera vrai et parfait, mieux elles
seront rendues (6). Cependant nous sortîmes de chez lui
avec une impression agréable. Nous parlions de ce sentie
ment religieux qu'il a su mettre dans son Å“uvre et qui porte
toujours avec lui une joie calme. Peu à peu nous quittâmes
la peinture et nous vînmes à parler de M. Lamennais. Il
(Vibert) me dit que sa tentative à Rome avait produit beau-
coup d'effet. On déteste tous les cardinaux qui s'y sont
opposés. Beaucoup de personnes lisaient l'Avenir et elles le
conservent comme chose précieuse. Dieu veuille que ces
dispositions portent des fruits !

   (1" Juin) Mon Dieu que m'a causé de peine le mauvais
succès de mon pauvre Paul ! (7) que de projets ça a détruits!
Je suis bien content que M. Ingres l'ait reconforté en lui
conseillant d'essayer l'autre concours, mais je crains que
s'il ne réussit pas, ou ne réussit qu'à demi, on ne lui dise :
« Encore une fois ! » et qu'ainsi il ne soit conduit bien
longtemps. Alors quand reverrai-je mon pauvre frère ? dans
deux ans, trois ans, peut-être. Ce n'est pas que je ne le
juge aussi capable que moi d'avoir le prix, mais pour ce
qui me regarde, je pense que ça été un bonheur sur lequel
on ne doit pas trop compter. Cette pensée m'inquiète, car
 j'aurais été avec vous et avec lui ici !... Je disais « et avec
vous » en suivant l'impulsion de mon cœur, mais vous ne
m'en donnez pas la moindre espérance. Comment ! de si


   (6) Ce jugement des œuvres d'Overbeck, « le Nazaréen », comme
l'appelait Cornélius, n'est-il pas de tout point excellent ?
   (7) Il s'agit sans doute d'un concours de l'École des Beaux-Arts. —
C'était par trop espérer que de penser qu'un si rare succès que le prix
de Rome pourrait être obtenu par les deux frères.