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292 IMPRESSIONS DE VOYAGE à trois mille moutons, cinq ou six cents chevaux, qui paissent jour et nuit en liberté, par conséquent, sans grands frais. J'eus la chance de me trouver sur le bateau avec le plus riche propriétaire de la Camargue. Son mas nourrit cinq cents chevaux et douze mille moutons, sans compter des bêtes à cornes et des gallinacées en proportion. Il existe dans la Camargue quatre ou cinq châteaux, dont l'un appartient à cet éleveur opulent. On voudrait pouvoir s'enfoncer dans l'intérieur de cette grande île et juger de visu des installations agricoles qu'elle contient; mais cette étude, sur place, exigerait pour le moment, trop de temps. Depuis quelques années, la culture de la vigne y a pris un développement considérable ; le sol partout argileux ou sablonneux n'a point trop mal accueilli les différentes variétés de cépages américains qu'on lui a confiés. Cependant, ce n'est pas sans peines et sans efforts, qu'on est parvenu à vaincre les difficultés que présentait leur acclimatation et à obtenir un bon rendement. Ainsi la plu- part des propriétaires de vignobles ont dû creuser des puits, ou utiliser l'eau de petits lacs qui fourmillent dans la Camar- gue, et à l'aide de machines à vapeur et appareils élévatoires, créer des inondations factices, deux fois par an, sur toute l'étendue de leurs domaines viticoles. Mon interlocuteur m'affirmait que ces mesures préven- tives lui ont parfaitement réussi, et que, pour le goût, sont vin avait beaucoup d'analogie avec celui du Beaujolais. Comme bien l'on pense, je me gardais soigneusement de paraître en douter. Un peu plus tard, j'appris d'un indigène, que le vin de la Camargue était peu généreux, qu'il ne ren- fermait que cinq ou six degrés d'alcool, à peine, et surtout