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268 LE DERNIER LIVRE D'ALPHONSE DAUDET paraît-il être la plus parfaite de ses œuvres. Depuis, il a composé des romans plus vastes, plus mouvementés. Mais en parlant du Nabab, des Rois en exil, de Numa Roumestan, de Sapho, nous aurions à faire des réserves. Ce sera peut- être l'objet d'une seconde étude. N'est-ce 'pas à propos de Fromont jeune qu'il a été question de M. Daudet pour l'Aca- démie française ? Il a répondu à ces ouvertures par une fin de non-recevoir assez peu polie ; mais il ne faut pas en con- clure que tout soit fini entre eux. Parmi ceux qui trônent aujourd'hui au Palais Mazarin, plus d'un, on s'en souvient, a commencé par railler l'Académie. Elle ne leur en a point gardé rancune ; bonne personne, elle a pardonné ce manque de respect, en considération d'un talent de jour en jour plus fort et plus élevé. Eux, de leur côté, ne se sont point en- têtés; un jour est venu où ils ont sollicité et reçu, avec reconnaissance, l'honneur de s'asseoir dans un de ces fau- teuils dont ils avaient médit. Tant que les raisins sont trop verts, on les dédaigne et on passe; mais dès que la grappe est bien mûre, bien vermeille, bien dorée, on grimpe volon- tiers à une échelle si on ne peut y atteindre de la main. H . HlGNARD.