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                       DÉRIVÉS DU KHÔXE                         125

  O n estime qu'il faut i litre d'eau par minute et par
hectare. C'est une dépense annuelle par hectare, de 78 fr. 50
dans un projet ; de 6} fr. 50 dans un autre.
  C'est beaucoup trop cher.
  C'est qu'en effet il ne suffira pas de payer 78 fr. 50, pour
avoir l'eau et en jouir ; ce n'est pas comme un robinet de
la Compagnie qu'on n'a qu'à faire placer sur un lavabo. Il
faut aller prendre l'eau au canal, il faut construire           des
rigoles et des filioles; il faut faire des nivellements, il faut
ménager l'écoulement des eaux, il faut défoncer le terrain,
l'épierrer; bref, la commission supérieure d'aménagement
des eaux, dans son rapport de 1879, estime que ces dépenses
de premier établissement d'irrigation dépassent 1,000 fr.
par hectare : combien de cultivateurs sont en mesure de
faire face à de tels déboursés ? P o u r 100 hectares, c'est
100.000 francs. Et quelle est la plus value donnée par l'ir-
rigation ! 3,000 francs par hectare, disent les plus e n t h o u -
siastes; 2,000 disent les autre?; mettons 2 , 5 0 0 . Pour obtenir
ces 2,500 francs il faut commencer par en dépenser 1000,
puis payer annuellement 78 francs ou 6} francs, c'est-à-
dire immobiliser encore un capital d'au moins 1,500 francs.
O ù est le bénéfice? Je gagne 2,500 francs; j'ai dépensé
2,500. Et m o n gain n'est que probable, tandis que ma
dépense est certaine.

  A quoi bon risquer et se donner des soucis? Car les soucis
sont considérables. Le morcellement de la propriété, qui
est plus accentué dans le midi que dans le reste de la F r a n c e ,
élève devant l'aménagement de l'irrigation des obstacles
presque insurmontables. Quelles difficultés pour concilier
les intérêts, et les égoïsmes de        dix ou vingt paysans !
Quelles sources intarissables de procès!
  T o u s les agronomes le déclarent : pour          trouver son