Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                       DÉRIVÉS DU RHÔNE                       121

tiennent pas lieu de raisonnements. Raisonnons donc.
   D'abord 35 mètres cubes ne peuvent irriguer que 35,000
hectares tout au plus, et non 40,000; l'augmentation de
revenu serait donc de 7 millions et non pas de 8 millions.
   Mais il fout voir ce qu'on aura dépensé pour ces 7 millions.
   On dépensera d'abord 200 millions pour la construction
du canal ; puis les particuliers auront à aménager leurs
terres, et à les approprier à l'irrigation ; les agriculteurs
estiment que c'est une dépense de 1,000 francs par hectare;
pour 35,000 hectares, ce sera une dépense de 3 millions et
demi. Ce revenu de 7 millions sera donc le produit d'une
dépense de 203 millions et demi. 7 millions sont-ils un
bon rendement, comme intérêt et amortissement, d'une
dépense de 203 millions ? C'est à peine du 3 1/2 °/ 0 . Nous
arrivons donc toujours à la même conclusion.
   Et remarquez que nous raisonnons dans l'hypothèse où
les 35,000 hectares bénéficieraient de l'irrigation. Vous
verrez dans un instant ce qu'il en faut penser.

    Mais, dit-on encore, il ne faut pas compter seulement
 en chiffres. Il faut examiner la chose au point de vue social
 et humanitaire. L'agriculture dans le midi se meurt faute
 d'eau. On doit lui en donner à tout prix.
    A tout prix, c'est bien cher !
   Admettons cependant le raisonnement.
    Voyons alors si le midi a si fort besoin d'eau, et s'il tirera
grand profit de l'irrigaticn.
   Dans la discussion devant le Sénat, (et c'a été la seule
sérieuse; car devant la Chambre des députés, le débat n'a
porté que sur la forme de l'adjudication,) on n'a presque
invoqué que les besoins de la vigne : on n'a parlé que de
la submersion des vignobles phylloxérés.