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                     ET LE BARREAU LYONNAIS                         IOI .

   Mais il y avait encore d'illustres transfuges qui avaient
quitté Lyon, pour apprendre à quel prix s'achètent la gloire
et la renommée. Parfois ils revenaient vers leurs anciens
confrères qui faisaient fête à leur retour, et c'était parmi
ces amis et ces confidents de la jeunesse qu'ils goûtaient,
j'imagine, les joies les plus pures de leur triomphe. C'est
avec émotion que nous entendions l'an dernier notre élo-
quent bâtonnier, Me Dulac, faire le récit d'une de ces
solennités domestiques. Je ne peux résister au plaisir de le
citer :

   C'était le S janvier 1868 ! II y a déjà dix-neuf ans, et il me semble
que c'était hier !
   L'Ordre offrait un banquet à un confrère qui, sorti de nos rangs et
dès longtemps acclamé comme un des maîtres les plus illustres du
Barreau de Paris, venait, distinction suprême! d'être élu Membre de
l'Académie française.
   J'ai nommé Jules Favre ! —Jules Favre, alors dans tout l'éclat de
sa haute situation politique et judiciaire — avant les angoisses de l'an-
née terrible, avant les tristesses et les amertumes des dernières années
de sa vie !
   Nous entendîmes une fois de plus cette parole enchanteresse, ornée
de toutes les grâces, de toutes les élégances d'une forme poussée jus-
qu'à la plus désespérante perfection.
  Ce fut Sauzet qui harangua le nouvel académicien, notre grand,
notre immortel Sauzet!
  Que dire de lui qui n'ait été dit déjà et de la façon la plus exquise
par un de nos confrères (1)?
   Son nom avait été l'orgueil de notre tableau, pendant toute la pre-
mière partie de cette éblouissante carrière, si prématurément brisée par
les événements de 1848. Après la tempête, Sauzet nous était revenu,
et bien qu'il n'eût jamais voulu reprendre la robe qu'il avait portée si
noblement, il nous restait uni par les liens de la plus bienveillante, de



  (1) Mc Léon Roux, Discours de réception à l'Académie de Lyon.