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UNE ÉVASION A PIERRE-SCIZE 93 Joseph La Brosse et C ie . L'ancien grand seigneur parcourt les foires de Francfort et de Leipsick ; on expédie, dans toute l'Europe, ces broderies qui se font remarquer par un goût exquis. Pendant ce temps, les Etats-Unis, s'étaient rapidement élevés à une haute prospérité. Pontgibaud apprend que le gouvernement paye, capital et intérêts, la solde des officiers qui servirent dans la guerre de l'indépendance ; pour la troisième fois il repart en Amérique. Débarqué à Philadel- phie, il est stupéfait de trouver la ville non pas embellie et agrandie, mais complètement rebâtie, métamorphosée. Tout compte réglé, il doit lui revenir environ 50,000 livres, mais il a laissé à Paris le titre qui établit son droit à cette somme. Il lui faut à ce défaut deux propriétaires pour témoins. Ne connaissant que d'anciens officiers sans fortune, c'est Washington lui-même qui a la bonté de le reconnaître et de lui servir de caution. Pontgibaud donne les détails les plus intéressants sur les mœurs de cette jeune nation, et sur les réfugiés français. Il est surtout frappé de la simplicité qui règne partout, du train de maison si modeste du président, dont toute la maison militaire se compose d'un factionnaire à sa porte. Il conte aussi que Talleyrand scandalisait les honnêtes citoyens de Philadelphie par sa conduite éhontée : on le rencontrait dans les rues avec des négresses au bras ! Quand Pontgibaud (6) revint en France, son frère avait (6) Pontgibaud avait épousé en 1790, Mme de Fougières, veuve de M. de Fougières, et fille du maréchal de Vaux. Il n'a pas eu d'enfants. M. le vicomte de Pontgibaud, qui a bien voulu me communiquer ces notes, est l'arrière-petit-fils de Joseph La Brosse, le frère de l'auteur des Mémoires.