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REVUE DU MOIS X Je m'apprêtais, en tisonnant, à écrire cette revue mensuelle. Voilà donc, me disais-je, l'année nouvelle entamée d'un douzième, due reste-t-il de ce mois révolu? C'est un des sujets de méditation les plus décourageants, que la quantité d'efforts perdus par chacun de nous et par l'humanité entière. Les physiciens nous assurent qu'il y a, dans nos cheminées, une déper- dition telle de la chaleur produite par le combustible que, le plus sou- vent nous en bénéficions à peine dans la proportion de 10 pour ioo. N'en est-il point ainsi de nos travaux? Je crois que, de ce chef, la perte est plus considérable encore, et vous vous en consolerez avec moi, en vous disant que si la masse des efforts de la famille humaine avait partout et constamment produit des résul- tats utiles, il y a longtemps que le monde serait usé et la race d'Adam complètement éteinte. >j< Une partie de ce premier mois de l'année est consacrée aux devoirs de famille, aux relations d'amitié, aux rapports de simple con- venance. On peut certes employer plus mal son temps. Je protesterai seulement contre l'extension abusive, donnée à l'échange des cartes de visite. A toute personne qu'on a l'occasion de rencontrer dans le mois, inutile d'envoyer une carte ; à toute personne qu'on rencontre sans se croire obligé de lui serrer la main, inutile encore d'adresser ce banal mémento.