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50                UNE ÉVASION A PIERRE-SCIZK

nouvelle demeure à bail emphytéotique, ou plutôt à terme
indéfini, car je n'y étais pas de mon consentement. Il faut
donc que je donne des détails sur les localités.

     « On lit dans Piganiol de La Force (voyez sa Description
«    delà France) : Pierre-en-Cize, ou Pierre-Scise, château
«    de France et prison d'Etat, proche de la Saône, vis-à-vis
«    de Lyon. Il y a dans ce château un capitaine entretenu,
«    une compagnie de trente hommes d'infanterie, un lieu-
c
e    tenant et un sergent. »

   « Voilà tout ce que pouvait dire de Pierre-en-Cize un
historien, un voyageur ou un poète, à qui il n'était pas
donné de le voir de trop près. Pour en bien parler, il faut
ce qui s'appelle y avoir été, y avoir été domicilié, y avoir
été enfin prisonnier d'Etat, et, sous ce rapport, personne
ne m'enviera l'avantage d'avoir été favorisé pour connaître
les êtres.

   « Le château de Pierre-en-Cize était la maison de plai-
sance des archevêques de Lyon : aussi le séjour en lui-
même, quant à la vue, n'offrait rien de sinistre et d'attris-
tant. Ce n'était pas le château de Lourdes, entouré de pics
nébuleux, placé comme un cyprès au milieu d'une nature
bouleversée, où l'on croirait que les Titans viennent de
combattre; ce n'était pas le mont Saint-Michel, d'où vous
voyez, la moitié de l'année, à six heures d'intervalle, les
vagues de la mer battre les murs de votre prison ; les tem-
pêtes sont à vos pieds, et l'écho des naufrages retentit dans
les cachots. Sans prévention, je conviendrai que, pour la
vue, Pierre-en-Cize est infiniment plus agréable ; mais il
n'y a pas de belle prison, et, tout considéré, l'aspect même
des prairies, des maisons, des forêts, des troupeaux, des