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24                 LES CANAUX D'iRRIGATION

 d'hui devant vous toute vanité d'artiste, et je viens traiter
 en homme d'affaires une question d'affaires. Soyez donc
indulgents pour votre rapporteur. Un grand orateur, —
qui ne parlait pas toujours français, mais qui parlait bien
mieux que français! — Gambetta employa un jour à la
Chambre, au cours d'une improvisation, un terme im-
propre et bizarre. Les sourires de ses auditeurs l'en
avertirent. Il s'arrêta, et avec un haussement d'épaules
familier, permis à celui qui d'un bond touchait aux plus
hauts sommets de réloquence : « Que vous avez donc tort
de peser mes mots ! Quand je parle, c'est seulement pour
être compris ! » J'invoque, très modestement, cet exemple :
je parle pour être compris, je parle pour vous éclairer, je
parle pour combattre, dans la mesure de mes forces, un
projet désastreux ; je parle pour joindre mes efforts aux
efforts de tous ceux qui luttent contre l'exécution des canaux
dérivés du Rhône.
   Les canaux dérivés du Rhône !
   Voilà un titre, un assemblage de sons, dont l'oreille est
fatiguée outre mesure.
   C'est qu'en effet la question des.canaux dérivés date de
loin. Elle ne remonte pas au déluge, parce que en ce
temps-là sans doute, on se préoccupait moins d'irrigation
que d'écoulement. Mais je crois bien qu'elle remonterait
aux Grecs et aux Romains.
   Je me contenterai, Messieurs, de l'étudier de nos jours :
l'histoire en sera déjà assez longue.

     Et d'abord définissons :
     Qu'entend-on par ces paroles : « les canaux dérivés du
Rhône » ?
     On entend par ces paroles : un ou plusieurs canaux, —