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                  ET LE BARREAU LYONNAIS                       9

famille, dans cette douce atmosphère des vertus domestiques,
il s'éprenait de cette piété éclairée, qui présidait sans pose et
sans apparat à cet intérieur tranquille. C'est de s.i mère,
femme d'un grand esprit et d'un grand cœur, qu'il recevait
profondément cette première empreinte que l'homme ne
peut jamais effacer. « Si l'on n'a pas besoin de maître pour
douter », il en faut quelquefois pour croire, et quel meilleur
maître de ces rassurantes confiances que la mère qui façonne
l'âme avec toute l'intelligence de son amour.
   Humblot fit, au petit séminaire de l'Argentière, des études
solides, sans triomphes tapageurs et sans succès éclatants,
ces promesses trompeuses qui trop souvent n'ont pas de
lendemain, ces éclosions trop hâtives de grands hommes
venus avant terme. Mais bientôt ses instincts littéraires,
son imagination amoureuse de poésie et de songes, son âme
avide d'expansions brillantes dessinaient sa vocation et le
prédestinaient à l'éloquence. Son père comprenait bien vite
qu'il ne pouvait trouver dans ce jeune homme ardent et
rêveur le paisible et modeste successeur de son commerce.
Et, au mois de novembre 1825, Humblot arrivait à Paris
pour y faire ses études de droit.
   C'était l'époque, où le siècle entraîné par les enthou-
siasmes juvéniles de sa trentième année, saluait, avec trans-
port, les grands génies qui ouvraient à l'esprit humain des
voies nouvelles et des échappées inconnues vers des hori-
zons que l'on croyait infinis, époque merveilleuse d'activité
cérébrale, de rêves généreux, d'illusions et de mirages, où
les écoles littéraires s'imposaient comme de véritables reli-
gions, n'avaient pas seulement des partisans, mais des
soldats, des fanatiques et eussent trouvé, s'il l'eût fallu, des
martyrs. La jeunesse catholique elle-même, atteinte de
cette contagion de nouveauté, faisait escorte au brillant