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434                        POLEVMIEUX
nous amène au sommet du passage et là nous retrouvons
les pêchers roses et les cerisiers tout blancs de fleurs aux
parfums enivrants : on respire du kirch. En arrière de ces
jolis arbres, Chasselay nous apparaît avec ses riantes habi-
tations et son église neuve. La flèche est normande, bien
entendue, mais si délicate, si fine, que malgré tout, elle
fait plaisir à voir au sortir des âpretés et des solitudes
de la montagne. Elle se détache en vive lumière sur ce bour-
relet de hauteurs d'une altitude moyenne, qui de ce côté
sert de limite au Beaujolais, et qui va de Saint-Jean-des-
Vignes et de Chazay-d'Azergue jusqu'au-delà d'Anse en
passant par la Chassagne, dont le mamelon revêtu de grands
bois dépendant des domaines des de Mortemart, est sur-
monté d'une haute tour, élevée, croyons-nous, en mémoire
de la victoire de Solférino. Derrière surgissent les cimes
les plus élevées de la chaîne et à gauche nous retrouvons
les montagnes de Tarare et les derniers épaulenients du
massif d'Izeron, Tout cela si vaporeux et si lumineux tout
à la fois, si large, si grand d'ensemble et si délicat, si fin
de détails, qu'on croit avoir sous les yeux quelque toile
de Claude Gelée.
   Un quart d'heure après nous sommes sur la place de
Chasselay. Fort curieuse cette place avec sa croix de pierre,
sa fontaine et sa vieille porte, au travers de laquelle on aper-
çoit les grandes fenêtres de l'église et leurs ogives élégam-
ment sculptées. Sous cette porte on s'attend tout d'abord à
voir passer quelque chevalier bardé de fer, quelque bourgeois
 au surtout bordé de vair, ou quelque dame, à la haute coiffe,
 dont un petit varlet porte le missel; mais la réalité fait bientôt
s'évanouir tout ce mirage d'un autre âge et il ne reste de
tout cela que le désir de revenir sur cette place pour y des-
siner tout ce qui vient de frapper si vivement notre attention.
   Pour terminer dignement notre promenade et faire