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2 L'EXPOSITION DE 1879 97 quel l'air se joue sans effort, apportant les parfums péné- trants du voisinage., tandis que le ruisseau murmure, que les battoirs s'agitent et que les belles laveuses du groupe de gauche babillent tout en s'occupant de leur linge. Eh bien, ces belles œuvres, ainsi qu'un portrait de notre poète Jo- séphin Soulary, peint également par M. Bidault, dans cette gamme de tons clairs qu'affectionnait Greuze et auquel Di- derot eût consacré tout un paragraphe dans l'un de ses salons, toutes ces belles oeuvres, dis-je, on ne les voit pas, et cela grâce encore une fois à l'incurie qui préside au clas- sement des tableaux comme aussi à l'insuffisance artistique de la Commission. En général, l'industrie et le commerce prédisposent peu aux goûts artistiques ; malheureusement, ceux qui s'y sont enrichis ont la prétention de jouer au Mécène, et ceux qui sont en train de s'enrichir veulent partager avec eux l'hon- neur de diriger le mouvement artistique et intellectuel de la cité. Certes, ils se dénigrent bien un peu les uns les au- tres, mais cela ne les empêche pas de faire valoir, avec un ensemble touchant, leurs droits à la reconnaissance publi- que et de se soutenir mutuellement pour établir solidement leur réputation d'hommes de goût et de protecteurs des arts. (A suivre). E. JUMEL.