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UN INCUNABLE III « Il était fort sérieux et se vantait de guérir toutes sortes de maladies. On en donna avis à Louis XI qui le fit exa- miner à Lyon parles plus habiles médecins de son royaume. Sur le rapport qu'ils firent au roi que la science de cet homme était plus qu'humaine, ce prince voulut le voir. Le charlatan satisfit à toutes ses questions et lui fit deux pré- sents, l'un était une épée très-riche qui renfermait 180 pe- tits glaives ou couteaux ; l'autre, un bouclier orné d'un miroir qu'il disait contenir beaucoup de vertus secrètes. Cet homme était si désintéressé qu'il distribua aux pauvres tout l'argent qu'il reçut du roi. Il ne demeura que quelques mois dans Lyon et disparut, tout à coup, sans qu'on pût savoir ce qu'il était devenu. Tout cela sentait l'imposteur, d'autant plus qu'il se vantait d'avoir la pierre philosophale et l'art de transmuer les métaux. » . Le livre découvert par M. Desbarreaux-Bernard et qui serait l'œuvre de ce Jean Mercure, se compose de 18 feuil- lets in-fol. imprimés en caractères semi-gothiques, sur deux colonnes de 59 lignes. La plaquette est sans titre, elle commence et finit par un folio blanc ; elle n'a ni chiffres, ni réclames, mais les 4 cahiers, 3 ternions et un quaternion qui la composent sont signés A.-D. Au recto de l'avant- dernier folio, au-dessous de quelques lignes, qui terminent cette rarissime plaquette, on trouve le colophon suivant : Hoc divum et preclarissimuin opus in civitate Lugduni jussu et inandato magnifia domini Joannis Mercurii corigiensis (1) : et (1) Jean Mercui'e,d'après cette, qualification qu'il se donne lui-même, semblerait donc d'origine italienne, et M. Desbarreaux-Bernard a pensé qu'il serait né ou à Corregio, dans le Modenat, ou à Cara, aujourd'hui Cori près de Velhtri. Mais le nom de Mercure est-il son vrai nom? Il y a lieu de penser qu'il s'est ainsi appelé pour mieux en imposer aux gens simples et crédules qu'il exploitait.