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24                     LE THÉÂTRE A LYON
séjour à Lyon sans une circonstance que Coignet nous
rapporte :
   « Voulant faire entendre au grand Concert un motet qu'il avait
composé, il y avait alors vingt ans, Rousseau me chargea, à la pre-
mière répétition, de conduire l'orchestre. Les musiciens en prirent de
l'humeur contre lui, disant qu'il ne les croyait donc pas capables
d'accompagner sa musique. Celle-ci, froide et sans effet, se ressentait
du temps où il l'avait composée. Depuis, cet art avait fait des pas
de géants, en Italie, grâce à Jomelli, Piccini, etc. ; en France, grâce à
Philidor, Grétry, Monsigny. Des oreilles, déjà accoutumées à enten-
dre leurs productions, ne purent être flattées du motet de Rousseau,
malgré l'enthousiasme que sa personne inspirait.
   « Enfin, son motet eut le sort que j'avais prévu ; il ne réussit
point. Une nombreuse réunion était allée pour l'entendre. Rousseau
s'en prit aux musiciens. Le chagrin qu'il éprouva de ce mauvais succès
le décida à quitter la ville (i). »

  Rousseau alla faire jouer à Paris son Pygmalion, dont la
renommée avait déjà entretenu les nobles fauxbourgs (2),
où il fut aussi bien reçu qu'à Lyon. — Pendant l'été qui
suivit, l'intendant Jacques de Flesselles fit représenter
cette scène lyrique dans son château de, Longchêne, près
de Saint-Genis-Laval, avec la Mélanie de La Harpe (3).

   Au mois de Novembre 1773, la ville de Lyon reçut la
visite de la jeune comtesse d'Artois (4), qui venait de se


   (1) Ce fut pendant le séjour de Rousseau à Lyon, que deux amants
se donnèrent la mort aux environs de la ville, parce que les parents de
la jeune fille s'opposaient à leur union; Rousseau leur fit une épitaphe.
Cette triste histoire a fourni le sujet de plusieurs pièces de théâtre.
   (2) Coignet prétend que Rousseau s'est laissé attribuer, dans les
salons parisiens et dans le Mercure, la paternité exclusive de cet opéra,
sans avoir jamais fait connaître son collaborateur.
   (3) Petite chron. lyon., 20 août 1770 (Rev. du Lyon., 2e série, t. V).
   (4) Marie-Thérèse de Savoie. — V. Petite Chron, {Rev. du Lyon.,
2e série, t. IL