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                     MATTHIEU DE VACZELLES.                          321
   L'œuvre de Matthieu est divisée en six parties, qui t r a i .
tent, la, première, de l'origine des péages; la deuxième,
de l'autorité à laquelle il appartient de créer des péages ;
la troisième, d e l à possession immémoriale; la qua-
trième, des abus; la cinquième, des privilégiés ou de
ceux qui sont dispensés de payer péage ; la sixième, du
temps où il ne se doit point de péages.
   Pour bien apprécier l'importance et l'opportunité de ce
travail, il faut se rappeler qu'en l'absence de routes prati-
cables et sûres, presque tous les transports du commerce
se faisaient alors par les grands cours d'eau navigables,
lesquels méritaient pleinement la qualification que leur
donne Pascal, de chemins qui marchent, et qu'il s'agis-
sait de réaliser, au point de vue de la perception des im-
pôts, d'où résulte le prix définitif des objets de consom-
mation, une réforme économique considérable.
   Matthieu de Vauzelles comprit tout ce que cette publi-
cation allait déchaîner contre lui d'inimitiés redouta-
 bles : (35) aussi, dans la très-remarquable préface de son

   (35) Il ne flatte personne dans ce traité, pas même le roi, et après
avoir posé en principe qu'il n'appartient qu'au souverain, suivant la
règle écrite dans les lois romaines, de créer des péages, parce que lui
seul peut remplir dans toute l'étendue du royaume l'obligation impli-
citement imposée au péager, non-seulement de tenir les ports et pas-
sages en bon état, mais encore de donner protection au marchand et
de garantir de tous risques la marchandise, il indique avec non moins
de netteté dans quelles limites doit se renfermer la prérogative royale,!
Il admet que le roi puisse dans certains cas d'urgente nécessité, ou
même pour récompenser d'éclatants services, déléguer à l'un de ses
 officiers le droit de péage : « Mais si le roy, dit-il, pour complaire à
 « quelque gros seigneur, dame, mignon ou flatteur de eourt, bailloit
 « privilège de lever nouveau péage, je dy, encores qu'il fust dit
 « pour récompense, cela n'y sert de rien. Car il ne se fault arrester à
 telles paroles, si les services ne sont vérifiez et correspondans. » (Troi-
  sième partie, p. 38).
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