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416                      NÉCROLOGIE.
        La guerre auprès de moi s'est mise à sommeiller,
        Pariez d'elle moins haut de peur de l'éveiller.

    La Miliciade valut à Petit-Senn des félicitations de
tous les poètes de France ; Chateaubriand lui écrivit, en
lettres monumentales : « Je vous félicite, monsieur, de
rire avec grâce, nous avons perdu ce talent que Voltaire
a laissé dans votre pays. »
    « Cependant, M. Fazy avait quitté le Journal de Ge-
nève parce qu'il ne le trouvait pas assez politique;
M. Petit-Senn le quitta, en 1832, parce qu'il ne le trou-
vait pas assez littéraire et il rédigea seul le Fantasque,
petite feuille humoristique qui , pendant cinq années
 (1532-37), attaqua gaiement, sans aigreur, avec une ma-
 licieuse bonhomie, les petits ridicules et les petites
 misères de ce pays. Cinq ans d'escarmouches périodiques,
 de verve soutenue, d'esprit et d'entrain, quelle tâche !
 Pour trouver un pareil labeur, écrivait M. Jules Janin,
 il faudrait remonter jusqu'au Spectateur d'Addison.
     Le Fantasque, les poésies de circonstance, quelques
 voyages, de fréquents séjours à la campagne (notamment
  à Mornex qu'il a si bien chanté), occupèrent la vie de
  Petit-Senn jusqu'au moment où il se retira définitive-
  ment à Chêne-Bourg, il y a une trentaine d'années. Il
  s'était peu mêlé de politique, non qu'il fût indifférent aux
  affaires de son pays, mais il n'était pas fait pour la lutte.
  Membre du Conseil représentatif, il n'avait pris qu'une
  fois la parole pour demander la suppression du titre de
  « magnifiques seigneurs. » Il était d'opinion libérale ,
  mais avec beaucoup de réserves et de tempéraments. En
  vieillissant, il s'attacha aux vieilles choses et ne vit pas
  sans chagrin périr la Genève d'autrefois. Ce regret lui
  rendit l'humeur agressive du Fantasque, et non content