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350           LE PAGE DU BARON DES ADRETS.
n'avoir pas voulu révéler où étaient les reliques de saint
Bonaventure, que les Pères de sa maison avaient cachées
en s'enfuyant ; le troisième était un négociant de Marseille
dont l'indignation n'avait pas su se contenir, et qui avait
tenu des propos dans un lieu public.
   Tous trois avaient été suivis et insultés par la foule
dès leur sortie des Cordeliers. Le capitaine et le négo-
ciant avaient bravé les injures, et les insuUeurs, les ar-
rachant à leurs gardiens, leur préparaient le supplice le
plus affreux.
    Exaspérés par la résistance du gentilhomme qui, en ce
 moment, attirait toute l'attention, les assassins l'entou-
 rèrent et, se précipitant tous à la fois sur lui, le percè-
 rent de mille coups de poignards et de couteaux.
    Dès qu'il fut tombé expirant, il fut saisi, élevé au-
 dessus du parapet et lancé dans les eaux de la Saône.
    Alors la foule se retourna : le Père Gayetti, voyant la
 mort venir à lui, se mit à genoux et, faisant un signe de
 croix sur la terre avec la main, prononça pieusement ces
 paroles : « Mon Dieu, ayez pitié de moi ! » Un coup de
 hallebarde.le renversa évanoui; aussitôt, il fut pris et,
 comme son compagnon, précipité dans la rivière.
    Le troisième, libre de ses mouvements et préférant un
 danger incertain à une mort certaine, s'élança de lui-
 même dans les tourbillons de la Saône connus sous le
 nom terrible de la Mort-qui-Trompe, et il disparut.
 La foule attentive ne le vit pas revenir sur les flots.
    L'histoire prétend que, nageur habitué aux vagues de
 la Méditerranée, il descendit entre deux eaux jusque vers
 les bateaux amarrés devant le palais de Roanne; que là,
  ayant pu reprendre haleine, il plongea de nouveau et se