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256            LE PAGE »(J BAliOlN DES ADRETS.

   L'église est envahie par une foule avide qui pénétre
dans le sanctuaire, renverse le tabernacle, saisit les vases
sacrés, puis court aux chapelles, au trésor, en disperse
les richesses. Les vagabonds, les truands s'arrachent
las chaînes d'or, les châsses des saints, les chappes
brodées , les couronnes de perles , les débris de métal
précieux. Les menaces et les coups s'échangent, les spo-
liateurs sont dépouillés ; les débris volés sont arrachés
 par la violence, et la multitude grossissant toujours, ne
peut plus tenir dans les vastes cours, dans les jardins,
dans les cloîtres où les nouveaux venus pressent et refou-
lent ceux qui sont arrivés avant eux.
    Alors la fureur et la turbulence montent à leur com-
 ble. Le plaisir de détruire pour détruire, de renverser
 pour renverser enivre les esprits. On arrache les portes,
 les fenêtres, les boiseries ; on jette des croisées sur la foule,
 Ses meubles qu'on ne peut emporter ; des coups de hache
 dans les poutres font tomber, au milieu du délire géné-
 ral, les cinq cloches d'un des clochers et les trois cloches
 de l'autre. Les marbres et le fer sont arrachés, le cuivre
 et le plomb sont enlevés, les bois sont sciés, les piliers
 renversés; on charge sur des voitures les chaudeliers,
 les croix, les bannières, les étoffes précieuses, les ta-
 bleaux lacérés, les statues brisées, pour les descendre
 dans la ville, et, par raillerie dérisoire, on jette des chap-
 pes et des chasubles sur les chevaux.
    La célèbre rose donnée à l'église par le pape Inno-
 cent IV avait disparu ; la châsse d'argent qui renfer-
 mait le corps de saint Just était brisée et les reliques dis-
 persées; les sépulcres de porphyre, de marbre et de jaspe
 étaient en ruines ; le tombeau du Duc de Bretagne ou-