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                    CHRONIQUE LOCALE

   A nos amis tous nos vœux de nouvelle année; à nos abonnés, à nos
collaborateurs, toute notre active et chaleureuse reconnaissance.
   A la Revue pas de procès.
   L'hiver est rude cette année. Le vent souffle, les feuilles tombent.
Il est prudent de tenir sa plume au chaud.
   Tout au plus pourra-t-on prédire avec Rabelais qu'en cette année,
les aveugles ne verront que peu, les sourds n'entendront guère, la vieil-
lesse sera incurable à cause des années passées et ceux qui seront pleu-
rétiques auront grand mal au côté.
   Et encore ceci n'étant ni de la science, ni de la littérature :
                    Peut-être il vaudrait mieux
               Frapper du pied la terre et remonter aux cieux.
   Pourtant avant do nous réfugier dans les régions sereines, disons que
M. Chevreau en quittant Lyon a offert au Conseil Municipal 20,000 fr.
destinés à venir en aide aux ouvriers en soie que l'âge ou les infirmités
empêchent de travailler. Une autre somme de 20,000 fr., venant de la
location volontaire que le Sénateur payait à la ville pour sa campagne
du yernay, sera consacrée à fonder une œuvre destinée à secourir les
invalides du travail. Nous n'en louerons pas M. Chevreau, pour n'avoir
pas l'air de contrôler les actes de l'autorité, et, afin de ne pas sortir
des domaines de l'histoire, nous garderons dans notre cœur toute notre
reconnaissance.
  — Par décret impérial du 22 janvier, M. Millevoye, procureur im-
périal à Rouen, a été nommé premier Président à la Cour impériale de
Lyon, en remplacement de M. Gaulot.
   — Un élan littéraire inaccoutumé a été donné à Lyon par les deux
séjours que Mme Amélie Ernst a faits dans notre ville. L'histoire, l'ar-
chéologie, la médecine, la politique tenaient le haut bout dans les pro-
ductions des presses lyonnaises, mais ces travaux étaient soigneuse-
ment écartés des salons. Depuis qne l'aimable lectrice des cours de la
Sorbonne a sinon révélé, du moins popularisé les œuvres de nos lit-
térateurs, les réunions, cet hiver, ont ajouté aux charmes du wist et du
piano les plaisirs de fines et gracieuses lectures. Les Messieurs ne s'en
plaignent pas, et les Dames s'en réjouissent. D'abord cela varie et puis
les jouissances de l'esprit ont bien aussi leur mérite et quand un lec-
teur habile, quand une dame charmante récitent les vers de Laprade,
Soulary, Doucet, Tisseur, bien des mains applaudissent, bien des sou-
rires naissent sur les lèvres. C'est une renaissance dont nous devons
savoir bon gré à celle qui en fut l'inspiratrice.
   Naguère, à la rentrée solennelle des Facultés, M. Soupe avait écrit en
traits rapides notre histoire littéraire et tracé, d'un pinceaufm etcoloré,
le tableau de ce que notre ville fut et de ce qu'elle est. Des concours,
dit-il, avaient lieu sous la protection des empereurs romains. Les éco-
les de Lyon étaient vantées à l'égal de celles de Marseille, de Trêves ou