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842                LES PATRONS DU S1RTOS.

   — Ah! si j'avais seulement dix louis, s'écria Gaudriole,
après un long silence.
   — Pourquoi faire?
   — Suffit. Je ne te dis que ça.
   Maître Lambert ouvrit une petite armoire encastrée dans
le mur ; il en relira un vieux bas tout poudreux et le vida
sur la table. Il y avait à peu près 500 francs en petite mon-
naie.
   — C'est l'épargne delà vieille, dit-il, prends la moitié.
   — Jamais, fit Gaudriole. Ça revient à ta fille.
   — Non ; la vieille n'avait rien. Ce sont les économies du
ménage, et je fournissais l'argent. Prends donc, je te dis !
   — Ça ne se peut pas
   — Es-lu mon ami ou l'es-tu pas? si tu es mon ami,
prends; situ V es pas.... ma foi, pour lors
   Gaudriole compla 200 francs el les fit glisser du revers de
sa main droite dans le creux de sa main gauche.
   « Lambert, dit-il, tu vois cet argent ?... avant qu'il soit
« longtemps, la fillolle pourra porter le taffetas       ou Jac-
« ques Durand sera          nettoyé. »
   En ce moment, Marguerite rentra : « Comme vous voilà
« tristes, Ions les deux. Mon Dieu ! rien n'est perdu ; vous
« trouverez d'autres places, et je travaillerai aussi. Vous bou-
« dez contre le cornas?.... La bouteille n'est pas seulement
« débouchée '.. Allons, un peu de gaîté, parrain, ou je sais
« bien qui ne vous embrassera pas ce soir!             »
   Le lendemain, Gaudriole partit sansdire adieu, elpersonne
ne sut ce qu'il était devenu.
  Je travaillerai, avait dit Marguerite. L'intention était
bonne, sans doute ; mais Marguerite avait trop lu.
   Elle trouva facilement de l'ouvrage chez une lingère de
Lyon. Cette femme occupait une douzaine d'ouvrières qui
n'étaient pas de la première candeur, et se consolait de ses