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PIE ii. 485 (ion. Après avoir mis l'Orient sous ses pieds, il ne déguise plus le projet de soumettre l'Occident au joug des Osmanlis. Pie II a fait de vains efforts pour armer les princes chrétiens contre l'ennemi commun, c'est alors qu'il se décide 5 écrire cette singulière lettre. La première partie, destinée h effrayer Mahomet, présente, non sans quelque faste oratoire, un long étalage de la force très-réelle des nations chrétiennes, si elles avaient voulu en faire usage, et cela pour lui prouver l'inanité de ses projets de conquête par la guerre. Mais ce n'est qu'un prodrome pour arriver à lui dire qu'un moyen plus sûr d'obtenir celte domination universelle à laquelle il vise, c'est d'embrasser la foi chrétienne. Afin de lui montrer qu'en désertant l'islamisme, son pouvoir n'a rien à craindre des Musulmans, il rappelle le fait de Constantin, abandon- nant le paganisme sans nuire à sa grandeur. Du reste il ne doute pas que les peuples chrétiens ne se rangent en foule sous les étendards de Mahomet, du jour ou son front aura été lavé par l'eau sainte du baptême. Pie II déploie ensuite toutes les ressources de sa logique et de son éloquence, pour faire ressortir la vérité de l'évangile et l'absurdité du Coran, la supériorité' de Jésus-Christ sur le prophète de la Mecque. L'idée qui se présente naturellement à la lecture d'une telle lettre, c'est que l'homme le plus sensé est parfois sus- ceptible des plus étranges illusions. Comment Mahomet au- rait-il pu songer à devenir chrétien, lui qui était l'idole des Musulmans, le fléau des Chrétiens, lui qui devait ses triom- phes, sa puissance, son prestige, l'irrésistible ascendant qu'il exerçait sur les siens, au dessein avoué et étsergiquement poursuivi d'élever l'empire du Coran sur les ruines de l'évan- gile PQuelle prise pouvaient avoir des raisonnements théolo- giques sur un esprit qui ne comprenait que la logique de la force? D'ailleurs pour un prince nourri comme lui dans les idées du fatalisme, il y avait alors un argument invincible