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                       POÉSIE.

Près du chemin frayé par les nombreux troupeaux
De cerfs et de chamois, de daims et de taureaux.
Et la victime est là, qui chemine en silence,
L'innocente gazelle au fond du bois s'élance,
Flaire l'air, et, d'un œil inquiet, va chercher,
Dans la ronce, les bois, les combes, le rocher,
Si le chemin est sûr, si la fuite est possible.
Sur ses jarrets tendus elle tremble. — Impossible !
Une puissance occulte, un lien infernal,
Un souffle magnétique enchaîne l'animal.
Il brame un cri sauvage et que l'écho renvoie,
Mais en vain, le dragon a reconnu sa proie.
Et d'un bon gigantesque, entraînant sans effort
La bête palpitante.il lui donne la mort !
Il l'enlace, il l'étreint, il la brise, il l'achève
Dans les convulsions de l'agonie.... un rêve
Noir, fiévreux, sépulcral, qui dure un seul instant!
Puis, le boa, repu, tombe et s'endort. — Pourtant,
Elle était douce à voir la timide gazelle,
Un regard de pitié sortait de sa prunelle,
Il semblait demander pardon.... Mais il fallait
Livrer le faible au fort, la plus belle au plus laid ;
Ainsi s'accomplissait la loi de la nature ,
Sans qu'une voix criât : Sacrilège, imposture !
                                     Léon GONTIER.


      QUINZE ANS DE TROP.
           A MADEMOISELXE LOUISE DE P.

     Il est des âges où l'on aime
     Les cheveux blonds et les yeux bleus,
     Où dans notre cœur l'amour sème
     A. pleines mains des grains pour deux.
   ' Un jour, je crus voir dans un rêve
     S'ouvrir des fleurs qui semblaient d'or;
     J'étais jeune ; une fille d'Eve
     Brisait mon cœur qui souffre encor.

    Elle dut s'appeler Louise,
    Mais je ne m'en souviens plus bien,
    Tant je suis loin des jours de crise,
    Où mon cœur vivait dans le sien