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LA CHANSON DE ROLAND. 369
cet opéra font le plus grand honneur à M. Luigini. La mise
en scène et les décors sont magnifiques.
Pour nous, tout en faisant nos réserves, nous trouvons que
les rhylhmes vigoureux de cette partition recèlent plus d'un
éclair d'élan patriotique. L'allure épique anime et colore le
drame en maints endroits. Le succès a vengé cette noble et
fière musique du dédain de quelques dilettantes qui, n'y trou-
vant pas les formules accoutumées , ont méconnu la force et
l'individualité des plus neuves inspirations du compositeur.
Mais le Roland de Mermet est-il la traduction dramatique et
musicale du Roland de Turold, ou n'est-il qu'une brillante
fantaisie brodée sur le thème légendaire?
Un souffle d'héroïsme plane à tous instants sur la vieille
Chanson française. C'est une aura de grandeur morale, de
puissance individuelle qui constitue l'atmosphère où se meu-
vent les personnages homériques de Turold. Cet enthou-
siasme chevaleresque si éclatant dans ce poète, cet agrandis-
sement, cette élévation de la personnalité et de la dignité
humaine que peu d'œuvres égalent, que nulle ne surpasse, en
un mot celte majesté épique de la légende, le librettiste-mu-
sicien l'a-l-il atteinte et rendue avec fidélité ? Evidemment
M. Mermet est pénétré de la forleet sévère poésie de Turold,
et il s'est efforcé d'en reproduire les accents. A-t-il toujours
et complètement réussi? A cette question nous répondrons:
Lisez Turold, allez entendre Roland, et vous prononcerez
votre arrêt.
Joseph BRCMER.
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