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                           PROMENADE.                         343

     Que sont devenus, hélas ! en France, les costumes variés,
  élégants et pittoresques qui émaillaient nos vieilles provinces,
  et qui, à chacune des races qui les habitent, communiquaient
 une physionomie distincte et personnelle? Quelle joie c'était
  pour l'œil du voyageur et de l'artiste de se reposer succes-
 sivement sur ces contrastes de couleurs tranchées, ces passe-
 menteries capricieuses, ces habits de formes charmantes que
 nos pères avaient le bon goût d'affectionner! Hélas! un ni-
 veau banal a passé sur tout cela ; le laid a triomphé du Nord
 au Midi, de l'Orient à l'Occident. Le brun et le noir forment
 la teinte monochrome qui écrase les habits; plus de variété',
 plus de couleurs éclatantes se jouant dans les rayons des so-
 leils d'été.
    Il semble que noire génération porte partout le deuil d'elle-
 même et de ses espérances.
    C'est à peine si quelques rares exceptions protestent dans
certains cantons contre la brutalité du niveau.
    La Basse-Bretagne offre encore quelques échantillons ar-
riérés de l'admirable costume armoricain. Le noble béret et
le gracieux capulet sont encore en honneur dans quelques
vallées pyrénéennes; il est, au fond des Vosges, des gorges
recelant encore de vieux paysans en culotte courte, en long
gilet rouge, en habit à la Louis XIV et en tricorne; la Bresse
garde dans ses villages le charmant spectacle de jeunes filles
restées fidèles à leur parure traditionnelle, et les Artésiennes
sont encore admirées sous leur délicieuse coiffure.
    Partout ailleurs règne l'uniformité désespérante du laid et
du trivial.
    Or, puisque je suis en veine d'utopies, qu'on me passe en-
core celle que je vais dire.
    Si on a fondé, et si on fonde encore tous les jours des cen-
taines de sociétés pour l'encouragement de tant de choses
 agricoles, horticoles, vilicoles, chevalines, industrielles, com-