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PROMENADE. 331 prend son bien où on le trouve. Celle transition est d'autant plus rapide qu'elle se fait en chemin de fer.—Eh! mon Dieu oui, en chemin de fer! — La locomotive, 6 jeu du des- tin, rase en sifflant la majestueuse enceinte de murailles au- tour desquelles volaient autrefois les quadriges. Ce contraste me semblait si bizarre, qu'après une de.mi-journée passée dans celte ville ressuscitêe, je me figurais, sous l'empire d'une illusion, voir enlrer à la gare des personnages à la blanche tunique et à la toge laticlave bordée de pourpre, pour y prendre leurs billets et, monter en wagon. Je ferai grâce au lecteur d'une promenade en ma compa- gnie dans les rues solitaires de la reine des ruines. Je ne le conduirai ni à la maison du Faune, ni à celle du poète tra- gique, ni à celle de Diomède, ni au théâtre, riià l'amphithéâ- tre, ni aux temples, ni aux thermes, ni môme à la Bourse. (Il y en avait une à Pompéï, Pœcilum). Mais je tiens à for- muler une idée qui m'est venue à cette époque, et qui, pour peu qu'elle fût aidée, devrait faire son chemin dans le monde. Le gouvernement italien s'intéresse vivement à cet inesti- mable joyau qu'il a la gloire de posséder sur son sol. Chaque jour il fait des efforts et des sacrifices sérieux pour en décou- vrir quelques nouvelles facettes. Un droit d'entrée de deux francs perçu sur chaque visileur, au moyen de tourniquets (il y a des tourniquets à Pompéï!) produit bon au mal an une centaine de mille francs, qui sont affectés exclusivement à la conservation de cet admirable musée, et aux fouilles qui l'agrandissent. Mais, quand sur celte somme on a prélevé les frais d'entretien, le traitement des conservateurs, celui des archéologues préposés aux fouilles, et le salaire des vingt-cinq gardiens ou concierges en uniforme qui veillent sur la cité mystérieuse et y conduisent les visiteurs, il resle à peine une vingtaine de mille francs qui sont spécialement appliqués aux touilles nouvelles. Or, on conçoit qu'avec de