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MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. 201) une entité, comme, disait la scolastique, il n'est qu'un produit de notre esprit. Il n'existe pas ; mais il se forme (Gott ist im Werden). 11 n'est que dans les intelligences, et par les intelligences. Il résume leurs aspirations les plus hautes; il est subjectif pour chacune d'elles comme tout le reste. Considéré dans l'humanité, il embrasse les intelligences et en est composé; si on veut l'adorer, c'est en soi-même qu'il faut descendre. L'esprit est à la fois le Dieu, le prêtre et l'autel. L'école hégélienne s'est scindée, après la mort de son fondateur, en fractions qui, suivant qu'elles ont tiré avec plus ou moins d'hardiesse les conséquences de ce systè- me, ont pris, comme dans les assemblées politiques, les noms de droite, de centre et de gauche. La gauche hégélienne est la fraction la plus radicale. C'est dans ses rangs surtout qu'on a assisté à ces étranges enivre- ments d'école, à cette fièvre de négations, qui faisait tenir d'avance pour absurdes toutes les croyances du sens commun; là se sont rédigés ces ouvrages qui, sous les titres bizarres de philosophie plus nouvelle, tris-nouvelle (neuere Philosophie, neueste Philosophie), n'aboutissaient en réalité qu'à constater les phases et les progrès d'un véritable délire. Du reste, les consé- quences sont faciles à déduire. Les idées, produit de l'intelligence, n'ayant aucune certitude absolue, le scepticisme est le dernier mot de la logique ; tout dé- pendant du développement fatal des diverses parcelles de l'être infini, le fatalisme est le dernier mot delà mo- rale; ilest inutile d'ajouter qu'un Dieu qui n'existe pas corresponde l'athéisme le plus radical. En politique, le résultat naturel de ces affirmations est le socialisme 14