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164                MOSAÃQUES D'UN RÊVEUR-

au Caire ne l'est pas à Pékin. Ce qui était admis il y a
un siècle ne l'est plus maintenant; et telle politique
approuvée il y a vingt ans semble maintenant une erreur
et une faute.
   Il n'y a pas au monde de thèse au sujet de laquelle
le pour et le contre ne puissent se plaider avec un égal
succès. Rousseau apologiste du suicide est aussi élo-
quent que Rousseau qui le flétrit.
   Bref, il semble que le oui et le non de toutes les
choses de ce monde soient contenues dans les deux pla-
teaux d'une balance mystérieuse qui oscillent toujours
sans jamais se fixer dans la juste mesure.
   Et cependant cette juste mesure est quelquefois ren-
contrée par des hommes dont le tact exquis et l'extrême
bon sens finissent par créer un équilibre dans cette
oscillation des idées et des principes. Cette faculté est
fort rare. Il faut du reste qu'elle s'allie à une expérience
mûrie, et alors elle constitue les vrais sages dont le
nombre est si restreint. La sagesse, dans le sens le plus
exact du mot, n'est que ia pondération rationnelle des
idées et des opinions ; si le génie s'y ajoute, il en résulte
alors une de ces natures transcendantes qui sont de
temps à autre les météores de l'humanité.
    Malheureusement cette puissance de pondération se
 trouve bien plus fréquemment chez les penseurs que
chez les hommes d'action, et c'est pour cela qu'il y a si
peu de héros sages. Alexandre, César et Napoléon ne
sont pas des héros sages. Chariemagne mériterait mieux
ce nom.
    Mais cette magnifique faculté de la pondération intel-
lectuelle, gardez-vous bien de la confondre avec le