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108                     LITTÉRATURE.

le dire, et j'espère vous le prouver dans la suite de ces
leçons, si l'étude des lettres grecques et latines a été jadis
plus répandue, plus universelle, de nos jours elles sont
mieux connues et mieux comprises. Je le répète, au
premier abord cela a l'air d'un paradoxe; les grands
travaux de nos maîtres du XVIe et du XVIP siècle sem-
blent défier toute comparaison. Les énormes in-folio des
Scaliger, des Saumaise, des Casaubon, des Estienne nous
effraient comme ces épées du moyen-âge dont nos fai-
bles mains ne sauraient supporter le poids. On est tenté
de croire que ces héros de la critique savante n'ont eu
 que des descendants dégénérés, que cet âge d'or de l'éru-
dition a eu aussi son âge de fer, et que notre siècle, en
progrès par tant d'autres côtés, sur ce point du moins est
en décadence. Messieurs, c'est là une erreur. Non que
je veuille rabaisser ici la gloire de nos devanciers ; mais
d'abord il est naturel de penser qu'en profitant de leurs
travaux on devait aller plus loin ; ensuite, l'esprit
scientifique qui caractérise le dix-neuvième siècle a eu
son influence sur l'étude de l'antiquité comme sur toutes
les autres; de ce point de vue, nous avons pu apercevoir
des choses qui avaient échappé aux érudits des siècles
 précédents ; il nous a été donné de pénétrer plus profon-
dément dans la connaissance, dans le sentiment de ces
chefs-d'œuvre si souvent déjà étudiés et expliqués, et ils
se sont quelquefois montrés à nous sous un jour imprévu
qui nous les faisait paraître tout nouveaux.
  Je voudrais, Messieurs, vous indiquer dès aujourd'hui
quelques-uns de ces aperçus propres à notre siècle qui
ont renouvelé pour nous la science de l'antiquité. Je
dois placer en première ligne l'étude des manuscrits.