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82                       .       HISTOIRE

  La défaite était grande en effet, le désastre profond. Pen-
dant de longs jours on fut sans nouvelles du corale Edouard,
puis on apprit qu'il s'était rendu en Bourgogne pour solliciter
des secours de son beau-frère; peu après qu'il était ailé en
Bretagne auprès de son gendre, époux, depuis cette année,
de la jeune Marguerite de Savoie, enfin qu'il était à Paris
où il cherchait a mettre le roi dans ses intérêts. Mais la <;oupe
était pleine, le chagrin avait épuisé ce corps robuste; lan-
guissant, anéanti, celui qui naguère était le superbe, l'intré-
pide souverain de la Savoie prit la fièvre du désespoir et, après
quelques jours de maladie, rendit son âme à Dieu, ne laissant
qu'une fille, Marguerite de Bretagne, autre cause d'inquié-
tude et de trouble pour le pays; le corps du prince fut em-
baumé et conduit a Haute-Combe où il trouva auprès de ses
prédécesseurs, la paix elle repos dont il n'avait jamais goûté
de son vivant.
    Pendant ce temps, le Dauphin profilaitde ses avantages. Au
sire de Beaujeu, cause de la guerre, il prenait tout ce qu'il
pouvait lui enlever de ses Etats. Les places fortes de la Dom-
bes, un impôt écrasant pour le Baujolais rachetèrent la li-
berté du grand guerrier, et si la postérité lui a conservé ses
litres de gloire elle n'a pas oublié qu'il fit la ruine du pays.
   La bataille de Varey fut un des plus remarquables événe-
ments de l'histoire du Bugey (1) ; son souvenir embellit et poé-
tise celte charmante vallée; les larmes ont séché, le sang ne
souille plus la terre; Savoie, Dauphiné, Bresse el Bugey, tout
est France aujourd'hui et, en écrivant ces annales, en rappe-
lant ces grands combats, si on gémit sur ceux qui succombè-
rent, on doit se garder de maudire le vainqueur.
                                              À. Vingtrinier.
     (1) Froissard l'appelle « une grande bataille. »

       ( i continuer).