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30             ÉTUDE SUS LKS UUKRRES PK RELIGION.

 tra plus de constance qu'aucun autre. Sa destine'e n'était pas
 de remporter des victoires, mais de résister aux revers. Son
 ascendant au milieu des siens grandissait toujours le lende-
 main d'une défaite; il devenait alors l'inébranlable appui d'un
 parti en ruines, et plus d'une fois on le vit faire sortir une
paix avantageuse d'une guerre sans espoir.
    Au dessous de ces grands hommes, dignes d'un temps et
d'une gloire meilleurs, on voyait dans le camp de la Réforme
quiconque était avide non seulement de combats mais de
ravages et de ruines. Des deux côtés,il ne faut pas le dissi-
muler,^ guerre civile donna lieu à d'étranges cruautés. Des
deux côtés elle développa le goût du sang et étouffa tout
scrupule sur la manière de le répandre. Mais ce qui devait
être et ce qui fut en effet particulier aux bandes protestantes,
ce fut la passion révolutionnaire, la rage de détruire, la fu-
reur contre les souvenirs et les grandeurs du passé, fureur
aveugle, qui s'acharnant jusque sur les objets inanimés et
les cendres des morts,brisait partout les monuments antiques
et violait les tombeaux, renversait a Orléans l'image de
Jeanne d'Arc, jetait a Tours au fond de la Loire les reliques
de saint Martin et a Lyon,après avoir dévasté le chœur de
Saint-Jean, ruiné les églises de Saint-Just et de Saint-Irénée,
précipitait dans le Rhône les- restes du martyr,docteur des
Gaules (1). Ces excès révolutionnaires, les chefs de la ré-
forme s'en attristèrent souvent, les désapprouvèrent quelque-
fois,mais ne les réprimèrent jamais. Ils trouvaient une force
dans le sentiment qui leur donnaif naissance, dans ce goût
d'anéantir tout ce qu'il n'a pas fait, qui saisit l'homme à cer-
taines heures, et communique a ses plus mauvais penchants
une incomparable énergie. Telles étaient les ressources
diverses de la cause protestante.

  (1) Voyez même M. Henri Martin, t. îx.