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24 ÉTUDE SUR LES GUERRES DE RELIGION. états généraux. On vit alors des assemblées uniquement protestantes et ouvertement politiques administrer les pro- vinces dont les réformés étaient maîtres, pourvoir a la dis- pensation de la justice, régler les finances, établir les impôts, confisquer les biens de l'Eglise et des catholiques, subvenir aux frais du culte et a ceux de la guerre, surveiller cette guerre même, ordonner des levées d'hommes dans tout le territoire conquis a leur cause, prescrire au nom de cette causev des serments de fidélité et d'obéissance, élire enfin un protecteur, mais un protecteur contrôlé de très-près par ceux qu'il devait protéger (1). Il ne pouvait rien résoudre sans l'assistance d'un conseil choisi par l'assemblée générale des réformés (2) et, même quand ce protecteur était Henri de Navarre, c eux qui l'entouraient, l'un d'eux devait le lui dire, se tenaient pour ses compagnons non moins que pour ses serviteurs (3). Autant donc le parti protestant était ambitieux de domina- tion et porté a la tyrannie envers qui ne lui appartenait pas, autant il régnait dans son sein de fière et jalouse liberté. Cette liberté même semblait à chaque instant sur le point de dégénérer en anarchie. Mais, tantôt l'imminence des périls la contenait; tantôt les revers venaient la réprimer et la masse énorme des catholiques, pesant de tout son poids sur cette association mal disposée à la discipline, l'empêchait de se rompre et de se dissoudre. Il y avait ainsi du côté des pro- (1) Histoire des assemblées politiques des réformés de France (1573- 1622), par Léonce Auquez. Ce livre est écrit d'après les actes mêmes de ces assemblées déposés autrefois au trésor des chartes de la Rochelle, et dont les copies sont conservées aujourd'hui à la bibliothèque Mazarine et à la'bibliothèque Impériale, V. introduction, p. ix et pp. 4, 8, 9, 12, 18, 50, 67, 68, 140-154. (2) Id. p. 31 et 41. (3) Mémoires d'Agrippa d'Aubigné.