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12 POÉSIE. Privé de biens, mais ayant la raison, On le voyait une journée entière Dans un coin noir de sa pauvre maison, Tourner ses doigts, assis sur son derrière, La larme aux yeux, regrettant dans son trou, Quand il jetait un coup d'œil en arrière, Les bons moments qu'il passait étant fou ; Et si quelqu'un venait, de sa lignée, Le consoler sur la paille étendu, Il lui disait d'une voix indignée : — Sortez d'ici, vous qui m'avez perdu ! Maître, au cerveau, comme le fou d'Athènes, Certainement j'ai mon coup de marteau : Je fis des vers, et j'en fais par centaines. Dans mon travail tout n'est ni bon ni beau, Mais je m'y plais, et ma tête en démence, Aux maux présents, de l'audace étonnés, Sans marchander fermé la porte au nez, En souriant, je l'ouvre h l'espérance. A la raison ne tenant peu ni prou, A tout docteur j'interdis la licence De me guérir ; car, maître, en conscience, Je serais mort si je n'étais plus fou. J,-B. HUGON.