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H SOTICË SUR AMBROUjE COMAfiStOfltir. homme excellent et très-simple. Use nommait Moirou. Pen- dant près de quatre ans, il donna à son élève des leçons de grammaire, d'histoire sacrée et profane, et quant au latin, il le conduisit jusqu'à l'explication de Tite-Live. M. l'abbé Crozier, dont le souvenir s'est conservé reli- gieusement dans la mémoire de tous ses élèves qui vivent encore, succéda au P. Moirou pendant deux ans. Au bout de ce temps, il contracta une société avec M. Philippe pouf la direction du pensionnat de l'Enfance, situé a la Croix- Rousse et emmena avec lui le jeune Comarmond, dont celui qui écrit ces lignes devint alors le condisciple. C'était un des meilleurs collèges de l'époque. Presque tous les professeurs étaient des prêtres déguisés sous de faux noms pour se soustraire à la persécution qu'on exerçait encore contre eux sous le Directoire. Le nombre des élèves s'élevait a prés de cent. Parmi eux se trouvait un enfant de dix à douze ans, qui devait un jour acquérir une grande célébrité, et avec lequel Comarmond se lia de la manière la plus intime. C'était Lamartine, qui n'était alors que l'enfant le plus aimable. Notre grand poète, dans ses Confidences, n'a point oublié cette partie de sa vie; on doit regretter seulement qu'il n'ait été juste, ni en- vers ses maîtres, ni envers ses camarades. M. Philippe n'avait pas, il est vrai, les sympathies de tous les élèves, mais son associé, l'abbé Crozier, était chéri, et nous dirons presque adoré de tous sans exception. Et pourtant M. de Lamartine les enveloppe tous les deux dans la même ré- probation. Quant a ses anciens condisciples, il ne les traite pas mieux. Nous serons plus juste envers lui qu'il ne l'a été envers eux et nous reconnaîtrons avec plaisir que c'était un enfant charmant dans toute l'étendue du mot. Sans an- noncer encore le génie poétique qui, plus tard, s'est déve- loppé chez lui, on ne pouvait manquer d'être frappé de sa