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DE LA DÉCADENCE K0MA1NE. 279 qu'ils soulevaient pour montrer leur force ; ils en avalaient en entier le contenu, vomissaient aussitôt, buvaient de nou- veau et, jusqu'à trois fois, pratiquaient cet horrible, exercice. Un autre usage, apporté de l'étranger, consistait à se rouler par terre, en étalant sa poitrine et renversant sa tête en arrière , volutatio in cœno, ac peclorosa cervicis repandœ ostentatio. — Plin. xiv, 28. L'honneur de boire était grand, tara gloria, surtout quand on pouvait se soumettre a certaines règles, que les buveurs de conscience se faisaient un scrupule de ne pas enfreindre. H fallait boire, sans en venir à bre- douiller, sans vomir et sans uriner. On devait avaler d'un seul trait d'immenses coupes, ne pas reprendre sa respira- tion et ne pas se permettre de cracher. Après avoir bu, on retournait sa coupe, et il était obligatoire que le peu de vin, contenu au fond ne lit pas le moindre bruit en tom- bant sur la mosaïque de la salle a manger. L'histoire nous a conservé le nom d'un célèbre buveur, qui remplissait admi- rablement toutes ces conditions : Novellius Torquatus de Milan. C'était un personnage important, qui remplit les char- ges de préteur et de proconsul. Un jour, devant Tibère, et au grand étonnement de celui-ci, il avala d'un seul trait, uno impetu, trois coupes de vin — plus de 9 litres.—Tibère, dans sa jeunesse, avait été grand buveur ; c'est pour cela que ses soldats substituèrent a ses noms de Tiberius Claudius Nero ceux de Bibcrius Caldius Mero. Quoique dans la suite il fût devenu très-sobre à l'endroit du vin, il avait cependant conservé beaucoup d'admiration pour les exploits bachiques. Étant empereur, il passa deux jours et une nuit avec Pom- ponius Flaccus et L. Pison, a boire et à manger. Dans ce même temps, il travaillait à la réforme des mœurs publiques. Voulant témoigner sa satisfaction a ses deux convives, il donna a l'un le gouvernement de Syrie, a l'autre la préfecture