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DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 277 Les vomissements n'humectaient pas toujours le sol de la salle à manger : Marmoribus rivi propcrant, aut lala Falernum Pelvis olet....,- JUVES., VI, 450. On avait aussi des cuvettes destinées à cet usage, et le luxe introduisit pour cette abominable opération, ce qu'il y avait de plus cher : des vases murrhins ou d'autres taillés dans des pierres précieuses, capacibus gemmis. — Senec. ad Helv. iv — de Benef. vu, 9 — Juv. vi, 430 —xi, 172 — Hor. od. II, 14—Vitr. vu, 4 —Petr. 68. L'art de boire arriva à un raffinement incroyable. On eu analysa toutes les jouissances et, entre autres, on expérimenta celle de l'ivresse provoquée à jeun. Boire après le repas pa- raissait bon seulement pour les gens vulgaires et ignorants, verœ voluptalis ignari. Ce fut sous le règne de Tibère que s'introduisit cette mode de boire avant de manger. On en fut redevable à quelques médecins étrangers, qui crurent se recommander h l'attentionpublique en apportant cette regret- table nouveauté. 11 paraît qn'Héliogabale n'estimait pas beau- coup cet usage, car c'était après son repas qu'il invitait le préfet de Rome et ceux du prétoire a boire avec lui. Si ces derniers refusaient, il ordonnait à leurs supérieurs de les contraindre à condescendre à ses désirs, Les viveurs, ceux qui se vantaient de mener la vie bon train, rapere vilam, buvaient non seulement après le repas, mais pendant et après. On concevra facilement que pour soutenir et exciter cette intempérance, il fallait avoir recours a des moyens extraordinaires. Les irrîtamenta sitis dégénéraient en étrange tyrannie. Celui qui n'avait plus soif, qui, par suite de l'excès, concevait de la répugnance pour le vin, avalait alors une dose plus ou moins forte de ciguë. II existe beaucoup d'incerti- tude sur la nature de la plante à laquelle les anciens ont donné ce nom. Quoi qu'il en soit, cette substance très-véné-