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280 DE LA DÉCADENCE ROMAINE. de Rome, Des personnages illustres ayant sollicité la ques- ture, il leur préféra un obscur candidat qui avait bu devant lui une amphore de vin.— Plin. xiv, 28 — Suet. in Tiber., 42. Les buveurs célèbres n'ont pas tous possédé les nom- breuses qualités de Torquatus, et c'est un fait très-curieux de voir le soin qu'apportent les historiens à entrer dans les moindres détails. Bonose, compétiteur de Probus, buvait énormément, et Aurélien disait de lui : « il n'est pas né pour vivre, mais pour boire. » Malgré son intempérance, il ne s'enivrait jamais, ce qui lui procura la facilité de rendre à l'état des services importants. En effet, dans ses conférences avec les chefs barbares, il buvait jusqu'à les enivrer et sur- prenait ainsi tous leurs secrets. Le biographe de Bonose nous explique même son secret, qui consistait dans une fa- culté contraire à une de celles de Torquatus : habuitprœterea, rem mirabilem, ut quantum bibisset, tantum mingeret, neque unquam aut ejus pechis, aut venter, aut vesica gravarelur. — Vopisc. in Bonos. 14.— L'antiquité nous a laissé un bien petit nombre de livres, et parmi ceux dont notre curiosité a regretté la perte, on peut ranger celui de Marc-Antoine qui, très-jaloux de la palme de buveur, avait composé un livre sur sa propre ivrognerie. C'était probablement pour enlever cette gloire au meurtrier de son père que le fils de Cicéron avalait d'un seul trait deux coupes de vin, plus de six litres.—Vopisc. in Bonos. 14 — Plin. 14, 28. Dès le commencement de Rome, le vin fut interdit aux femmes. Si elles transgressaient cette défense, on les pu- nissait aussi sévèremeut que pour un adultère, et le châti- ment fut cruellement poussé jusqu'à la mort. L'habitude qu'elles avaient de donner un baiser à leurs parents servait d'épreuve : l'odeur les trahissait naturellement.—Val. max. H, 1 , 5 . — Plin. xiv, 14. — Gell. x, 23. — Tert. apol. 6. —• Dans ces époques de rigidité barbare, le vin, en raison de