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8                          31 MAI 1856.
    De ces grands ateliers, ruches industrieuses,
         Où bourdonnait l'activité,
    De ces fraîches villas, belles et gracieuses,
    Dont les portes s'ouvraient à l'hospitalité.
    Ils sont déserts, ils sont muets comme des tombes,
    Ces populeux quartiers, ces populeux hameaux,
         Aussi dévastés par les eaux
         Que Sébastopol par les bombes

    Grâce à Dieu, le voila rentré dans son repos,
    Dans son impunité, ce ravageur de villes,
    Ce fleuve extravagant....... A voir couler ses fU?ts,
        Diaphanes, sereins, tranquilles,
    Où le canot dessine à peine son remous,
    On le croirait si bon, on le dirait si doux !
    Mais qu'il laisse après lui de deuils et de misères!
         Que d'enfants ont perdu leurs mères,
    Que d'amis leurs amis, d'épouses leurs époux,
    De beaux adolescents leurs blanches fiancées,
    De temples leurs autels et de fronts leurs pensées !
         Que de souffrances à souffrir !
    Que de besoins réels et de pauvretés vraies
        A deviner, à secourir !
         Que de blessures, que de plaies
         Qu'il faut panser, qu'il faut guérir !
         Que d'affamés qu'il faut nourrir !
        Vous dont ces larges cataractes
         Ont laissé les moissons intactes,
         Le toit debout, le grenier plein,
    Le présent radieux et l'avenir serein,
    Vous à qui l'égoïsme, à qui l'indifférence
    N'ont pas glacé le sang, ossifié le cœur ,
         Vous qui comprenez la douceur.
         Les charmes de la bienfaisance ,
         Vous qui connaissez la pitié
         Et qui n'avez pas oublié