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BIBLIOGRAPHIE. 255 — Maître du monde , dont son génie a su asservir jusqu'aux éléments, l'homme participe aux divers modes d'existence des créatures et en offre en quelque sorte l'abrégé : ses os ont la dureté de la pierre , ses cheveux et ses ongles croissent comme l'herbe ; il sent, se nourrit, se développe, se propage et meurt, comme l'animal qui le sert ; mais son intelligence et le don de la parole, qui l'unissent à Dieu dans la prière , le placent infini- ment au-dessus de tout ce qui ne se meut guère que pour aller en quête d'un aliment matériel ou d'un gîte. Quant à ses nom- breuses passions, la raison lui a été donnée pour les combattre : la brute est esclave par son corps, l'homme est libre par son âme,- courbée vers la terre , la brute ne songe qu'à la satisfaction des besoins présents ; les regards élevés vers le ciel et préoccupé de l'avenir, l'homme se réjouit ou s'attriste au souvenir du bien ou du mal qu'il a fait, e t , seul, possédant une âme à la fois végé- tative, instinctive et intellectuelle, c'est-à -dire une âme vraiment vivante, un esprit parlant, il pourra satisfaire un jour auprès de son Créateur la soif de bonheur et d'immortalité qui le dévore. « Mais qui donc est chargé d'illuminer le magnifique tableau de ces trois règnes de la nature , et de distribuer à la terre la chaleur dont elle a besoin pour ne pas rester dans un stérile engourdissement ? C'est vous , astres resplendissants , immenses et lointains flambeaux suspendus dans l'espace, qui est la demeure de la nature, et dans le temps qui en est la durée. « Concluons ici que s'il faut des millions de soleils plus ou moins mobiles pour éclairer le monde de la matière, il ne sau- rait y en avoir qu'un pour éclairer le monde des intelligences ; ce soleil qui n'a point eu d'aurore et dont l'éclat est éternel, c'est le Très-Haut, le Tout-Puissant, qui seul possède la plénitude de l'Etre, et qui seul a pu dire : Je suis la vie. « Ainsi considérée dans la série de tous les êtres qui compo- sent l'univers, l'existence nous représente une échelle infinie , dont les degrés s'élèvent insensiblement de l'inertie au mouve- ment organique involontaire ; de celui-ci au mouvement spon- tané , mais privé du contrôle de la raison ; de ce dernier, enfin, au mouvement vraiment libre et volontaire, partant, aux actes